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Poupée de son...
Ce premier film fait le choix d’être l’adaptation d’un roman d’Elena Ferrante sur un sujet à priori peu commun et difficile, en l’occurrence le rejet de la maternité. Autre choix risqué, en prenant le parti de la fidélité à l’œuvre originale, Maggie Gyllenhaal se heurte à un écueil de taille : certains romans privilégiant le non-dit passent mal du livre à l’écran. Rien n’est plus difficile en effet que de faire passer des ressentis, des émotions et des rancœurs, juste par le biais du visage de ses actrices sur un sujet si peu aimable. L’absence de dialogues plus explicatifs ou d’une voix off permettant de comprendre mieux la psychologie du personnage principal fait cruellement défaut. Et cela se ressent sur toute l’appréciation que le spectateur peut avoir de « The lost daughter ». Suggérer est une bonne chose, ne pas être trop dans le démonstratif, mais ce procédé a parfois ses limites...
On entre pourtant dans cette œuvre difficile avec plaisir. On suit avec curiosité les errances balnéaires du personnage principal malgré le peu de dialogues. La cinéaste parvient à nous mettre dans le rôle de voyeur consentant et à entretenir une atmosphère un peu mystérieuse, presque étouffante. Mais les zones troubles persistent, le profil de Leda demeure trop longtemps nébuleux et l’intrigue, si on peut appeler cela une intrigue, commence à faire du surplace. Et ce, sur plus de deux heures, où « The lost daughter » commence à enchaîner redondances et excès de zones d’ombres pour finir par ennuyer. Les scènes qui ne servent à rien commencent à pulluler, les flashbacks pour éclairer la jeunesse de Leda deviennent de plus en plus rébarbatifs et finissent même par radoter également. En bref, ce long-métrage devient passablement inutile et aurait dû s’affranchir de son matériau de base...
On n’en voudra pas au trio d’actrices à qui « The lost daughter » doit son salut. Sans elles, ce film serait encore plus décevant à force de se complaire dans un contemplatif fatigant et des postures de cinéma d’auteur minimaliste. Colman est encore une fois royale, Johson continue de nous prouver qu’elle sait tout jouer et Buckley sauve la mise dans un rôle peu valorisant. On tient donc jusqu’à la fin en espérant que tout cela s’améliore mais c’est peine perdue. Le mutisme psychologique restera majoritairement de mise et peu des motivations des personnages s’avèreront claires et limpides une fois la projection terminée. Un film de perceptions, de sensations peut-être, nous serinera-t-on... Mais surtout un film parfait pour une sieste estivale, dans la langueur de la Grèce où se situe l’action, avec cet essai peu convaincant et amorphe.
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