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Poulet d'élevage.
On avait un souvenir mélancolique, nostalgique et presque suranné de « Chicken Run ». C’était la première grosse production Aardman et elle avait connu un succès critique et public retentissant il y a près de vingt-cinq ans. Cette entité britannique spécialisée dans la « clay motion » (ou animation image par image par pâte à modeler) et à l’origine de « Wallace et Gromit » (entre autres) avait surpris son monde. Une suite eut été logique mais Aardman a abandonné l’idée au profit d’autres projets originaux tels que « Souris City ». Mais les suites tardives sont devenues monnaie courante (au hasard « Blade Runner 2049 ») et même dans le domaine de l’animation c’est possible comme on l’a vu avec l’excellente suite « Les Indestructibles 2 ». Netflix a donc rendu probant un second épisode qui prend le contrepied du premier, narrant une aventure d’infiltration au lieu d’exfiltration. Sauf qu’ici on a affaire à une énorme déception sur de nombreux aspects.
D’abord, l’animation semble restée du même niveau qu’en 2000. En somme, ce n’est pas déplaisant au vu de la technique particulière employée mais elle n’est donc ici plus surprenante. Comme si Aardman était resté bloqué à cette époque si ce n’est quelques petits perfectionnements de-ci, de-là. Ensuite, l’histoire est vraiment basique tout comme la morale familiale de l’histoire et ses enjeux assez sommaires. « Chicken Run, la menace Nuggets » s’articule donc juste autour d’un sauvetage de Molly, la poulette naît de l’union de Ginger et Rocky. Peu de nouveaux personnages, une narration linéaire au possible et aucune surprise si ce n’est cette petite charge critique envers les élevages de masse qui s’avère bien gentillette. De cette idée, le seul attrait qu’on retirera demeure ce décor ressemblant à ceux de la série « Squid Game » qui enferme les poules hypnotisées dans une sorte de réalité biaisée et de bonheur factice.
Et on ne compte plus les facilités de scénario et les invraisemblances aussi grosses qu’une poule gavée au grain. Certes on est dans un film familial mais tout de même. Le nombre de fois où ces poules s’en sortent comme par magie ou, au contraire, se font piéger bêtement n’ont pas assez des deux mains pour être comptées. À tel point que cela en devient usant et que l’issue de tout cela semble joué d’avance, sans surprise, et c’en est agaçant. Enfin, l’humour ne se pare malheureusement d’aucun second degré ou d’un niveau de lecture qui pourrait satisfaire les spectateurs plus adultes. C’est est même parfois gênant et très puéril. Quant au retour de la méchante originale, il n’est pas dénué de pertinence mais ses jérémiades et son rictus à chaque action semble tout droit sortir du comportement d’un vulgaire méchant de dessin animé de télévision et semble venir d’un autre temps. Alors on se console avec le rythme endiablé de l’ensemble, le plaisir de revoir ces poules en pâte à modeler et quelques séquences rapidement amusantes mais ce n’est guère réussi ni satisfaisant dans l’ensemble, plutôt hautement décevant.
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