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Cronenberg's touch!
Il n’y a pas à dire, Brandon Cronenberg est bien le fils de son père. Sans être totalement dans le plagiat, ni même dans l’hommage, son second long-métrage (après le peu mémorable « Antiviral ») suinte de partout l’inspiration et l’admiration artistique léguée par le père. On s’en rend compte dans l’esthétique assez glaciale mais surtout dans les thématiques développées qui sont les mêmes que celles de David Cronenberg. Les excès de violence soudains, la notion de déliquescence du corps et la dualité entre le réel et le virtuel. D’ailleurs, sur cette dernière donnée, on pense beaucoup à son « ExistenZ » (sorti à la même époque que « Matrix » avec un sujet similaire mais traité de manière plus viscérale et indépendante). L’héroïne de ce film, Jennifer Jason Leigh, fait par là même le lien entre cette œuvre du père et ce « Possessor Uncut » du fils.
Le long-métrage dispose d’un sujet très ambitieux et passionnant (une société a créé une technologie permettant à un individu de prendre possession de l’esprit d’un autre à travers une machine pour exécuter des contrats/meurtres) mais qui ne tient cependant pas toutes ses promesses et nous semble parfois inabouti. Ou plutôt il ne creuse pas toutes les infimes possibilités et ramifications d’un tel postulat. En revanche, il contient bon nombre de fulgurances narratives et esthétiques qui impactent la rétine et l’esprit durablement. On se souviendra notamment des séquences de meurtres particulièrement violentes voire gores où les corps sont malmenés et où le sang gicle en abondance. Réussies certes, mais parfois choquantes et à ne pas montrer à tout le monde. Pareillement, l’atmosphère froide et aseptisée colle bien au propos même si elle n’est pas révolutionnaire et a pu déjà être vue dans ce style dans d’autres productions. Les espaces et décors choisis rendent ce film encore plus étrange et singulier, comme déshumanisé.
Il est à noter que l’interprétation manque un peu de calibre et de force (hormis Christopher Abott qui se débrouille bien avec un rôle pas facile). A l’inverse, les visions presque subliminales de la dualité entre l’hôte et celle qui le possède sont assez impressionnantes. A tel point qu’elles n’auraient pas été reniées par un David Lynch ou un Gaspard Noé. La fin de « Possessor Uncut » est forcément laissée à la propre interprétation du spectateur mais manque un peu de panache et de surprises. On aurait aimé que le film soit encore plus subversif dans son raisonnement et surtout plus abouti et ambitieux dans son développement, en dépit d’un budget qu’on suppose limité. Là, en étant de plus fort inspiré, on est davantage face à une bonne petite série B non exempte de défauts que face à un grand film d’anticipation. Mais le climat étrange et délétère ainsi que cette ambiance si particulière, entre violence extrême et plans arty désincarnés, est assez rare pour mériter qu’on y jette un œil. Quand Cronenberg fils se sera émancipé de l’ombre tutélaire de son père, il risque d’être un cinéaste prometteur.
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