Le film d'animation Planète 51 était prometteur : l'armature de la narration était intrigante, on pouvait espérer un résultat intéressant du à l'amalgame des cultures cinématographiques entre les Britanniques et les Espagnols, et la campagne publicitaire qui entourait la production moussait l'intérêt des cinéphiles... mais tout ça n'était que poudre aux yeux. Joe Stillman, scénariste des films Shrek et Shrek 2, nous livre des dialogues qui semblent souvent inachevés ou qui s'avèrent simplement insignifiants. Certains clins d'oeil aux travers de notre société ou à certains classiques du cinéma sont par contre plus que réussis, mais malheureusement la majorité était révélée sans préambule dans la bande-annonce.
Lem, un petit bonhomme vert fasciné par l'astronomie, vit paisiblement avec sa famille sur la planète 51. Il est follement amoureux de sa voisine, Neera, qui manifeste pour des causes écologiques et environnementales. Le jour où un humain, Charles « Chuck » Baker, débarque sur sa planète pour y planter son drapeau américain, la vie de Lem bascule complètement. Il devra aider l'astronaute Chuck à retrouver sa fusée malgré le contrôle pernicieux de l'armée et la méfiance des citoyens.
Les acteurs québécois qui prêtent leurs voix aux personnages extraterrestres du film sont efficaces pour la plupart. La performance de Marc Dupré est par contre amèrement décevante, révélant une inexpérience manifeste, même incommodante à certains moments. La vraie voix de l'imitateur ne cadre pas avec le personnage condescendant qu'il doit interpréter, devenant plus caricaturale que vraisemblable. La morale, qui rappelle aux jeunes et moins jeunes de ne pas être effrayé par l'inconnu, par les choses qui nous sont étrangères, nous est emmenée de manière grossière, sans prémices, comme pour se débarrasser d'un fardeau.
Le scénario, qui s'arrime trop fermement à son analogie des années 50 et ne se laisse pas la chance d'exploiter certaines avenues plus formatrices, s'avère franchement pauvre et trivial. Des blagues frustes de fausses « crottes » d'extraterrestre ou de pipi sur la gazette sont fréquentes et nuisent à l'élaboration d'un récit pertinent. L'éventualité d'un humain qui débarque sur une planète peuplée d'extraterrestres aussi inoffensifs et sots que lui-même est une idée riche qui pourtant n'est exploitée qu'en trame de fond. L'évocation à la puissance démesurée et complaisante des Américains ou l'attachant robot d'exploration qui ne photographie (grâce à sa tête webcam) que des roches sur une planète peuplée d'aliens donnent lieu à certaines scènes délicieuses, qui sont malheureusement isolées.
L'animation est de qualité surprenante. Bien qu'elle n'a été produite que par une petite boîte, Ilion Animation Studios, le résultat est comparable au travail des Blue Sky et DreamWorks de ce monde (en excluant Pixar, toujours chef de file de l'industrie). Tous les efforts déployés pour construire un monde nouveau et crédible se reflètent dans les détails visuels présents tous au long du récit. On peut voir entre autres du popcorn en état d'apesanteur dans les cinémas ou des panneaux d'affichage rappelant de ne pas voler trop haut ou trop vite avec sa voiture volante.
Encore une bonne idée gâchée par un désir malsain d'attirer la masse ou de provoquer des rires de premier degré. Le scénario, bien qu'à certains endroits minutieux, s'avère généralement inconvenant et la communion de deux pédagogies cinématographiques n'a pu sauver les pauvres bonshommes verts de la venue hostile des envahisseurs humains, les critiques de cinéma.
Le scénario, qui s'arrime trop fermement à son analogie des années 50 et ne se laisse pas la chance d'exploiter certaines avenues plus formatrices, s'avère franchement pauvre et trivial. L'éventualité d'un humain qui débarque sur une planète peuplée d'extraterrestres aussi inoffensifs et sots que lui-même est une idée riche qui pourtant n'est exploitée qu'en trame de fond.