S'il y a un retour qu'on n'attendait plus, c'est celui de Pirates of the Carribean. Malgré son immense succès, la qualité des films diminuait à chaque épisode. Le cinquième volet intitulé Dead Man Tell No Tales tente de redresser la barre sans y parvenir.
La même recette est pourtant toujours appliquée, alors qu'on a voulu revenir à l'esprit du premier tome (l'histoire incohérente et confuse en est d'ailleurs une relecture). Il y a à nouveau des scènes d'action spectaculaires, beaucoup d'humour et un soupçon de romance.
Une formule nostalgique façon The Force Awakens qui a fait ses preuves et qui ne tente même pas une seule seconde d'être révolutionnaire. Dommage que le rythme bancal parsemé de séquences inutiles (le mariage?) joue avec la patience du public, et ce, même s'il s'agit de l'effort le plus court du lot.
Plus problématique encore est le mauvais dosage entre les genres. Après une introduction enlevante qui annonce une aventure plus sombre (ça ne sera pas le cas), l'action apparaît toutes les dix minutes et elle noie littéralement le poisson. La production a beau être techniquement très soignée et parfois même éblouissante, son abus d'effets spéciaux se fait vite ressentir.
C'est pourtant sur un mode comique que la série a toujours été la plus efficace. Quelques moments désopilants (la guillotine!!) viennent effectivement dilater la rate et la finale dégoulinante de bons sentiments rappelle qu'il n'y a rien à prendre au sérieux. Il y manque toutefois les mots d'esprit caractéristiques de Jack Sparrow. Son interprète Johnny Depp tente de sauver ses échecs artistiques et familiaux en renouant avec le personnage le plus emblématique de sa carrière. C'est peine perdue. Sa caricature du pirate saoul tape rapidement sur les nerfs.
On lui préfère Geoffrey Rush, truculent en Hector Barbossa qui change constamment d'allégeance. Le méchant particulièrement terrifiant est campé avec aplomb par Javier Bardem. Évidemment, les gentils n'ont pas reçu le même soin et les nouveaux Brenton Thwaites et Kaya Scodelario ne font que reproduire les scènes et la « psychologie » du couple formé précédemment à l'écran par Orlando Bloom et Keira Knightley. Il y a même une apparition qui tombe à plat du chanteur Paul McCartney.
Après Gore Verbinski qui a popularisé la série et Rob Marshall qui l'a détruite, on retrouve cette fois derrière la caméra les Norvégiens Joachim Ronning et Espen Sandberg, les réalisateurs du solide et remarqué Kon-Tiki (qui s'est retrouvé aux Oscars) qui se déroulait également sur un bateau. Comme trop souvent dans ce type de superproductions qui dépasse allègrement les 100 millions de dollars (Jurassic World, la dernière variation des Fantastic Four...), on recrute un talentueux jeune cinéaste qui n'aura pas nécessairement les coudées franches pour imposer son style et ses idées. Cela donne un travail compétent, mais sans réelle personnalité.
S'il est légitime de ressortir divertit de Pirates of the Caribbean: Dead Men Tell No Tales, c'est qu'il s'agit du premier épisode à voir le jour depuis six ans. On a eu le temps de s'ennuyer des personnages, de l'action et de l'humour. Au bout d'une demi-heure, on comprend vite pourquoi on n'avait pas besoin d'un cinquième effort ou plutôt de cet effort, totalement inutile, qui remâche simplement ce qui a été fait préalablement. En cas de succès, une scène cachée à la fin annonce une suite... alors qu'un saut vers le passé pourrait proposer une tonne d'antépisodes avec un autre interprète pour remplacer Johnny Depp, usé jusqu'à la moelle.