Véritable ode à la jeunesse américaine et à ses excès, véritable panégyrique des seins volumineux (et à celles qui les portent, mais parce qu'on n'a pas le choix) et au conformisme social, Piranha 3D est un film qui tente de simplifier l'acte cinématographique le plus possible. Car apparemment, c'est simple et facile, le cinéma, « on veut juste être diverti ». Dans Piranha 3D comme dans la vie, on se débarrasse du superflu, que ce soit un scénario, la logique ou une pitoune encombrante. On remplace ses problèmes par ceux des autres (idéalement des pires). C'est pourtant pas dur à comprendre!
À Lake Victoria, en Arizona, c'est le temps des vacances pour les étudiants, qui convergent tous vers le lac afin de festoyer sur des bateaux avec beaucoup d'alcool, des bikinis et de la musique. C'est une période occupée pour la shérif du comté, qui doit en plus s'assurer que son fils Jake, amoureux de la belle Kelly, s'occupe de son frère et de sa soeur. Mais Jake a été recruté par un producteur de films pornos de passage en ville, qui lui demande de lui faire découvrir la région sur un bateau. La fête sera cependant gâchée par des piranhas sanguinaires et particulièrement voraces provenant de l'ère préhistorique, réveillés par un tremblement de terre sous-marin.
Les quinze premières du film sont les plus réjouissantes. L'apparition savoureuse de Richard Dreyfuss et les discours sur les seins de Kelly Brook sont des preuves qu'on a pleinement conscience de ce que représente Piranha 3D, de la même manière que le faisait le génial Planet Terror dans Grindhouse. Piranha 3D est un film sur le malaise profond d'une société en plein changement. C'est le symptôme juvénile d'une volonté de rupture avec le passé, symbolisée ici par l'invasion de piranhas préhistoriques... Non, sérieusement, c'est un film avec des seins et des piranhas tueurs - avec assez peu de Noires (c'est l'Arizona après tout) certainement pas de grosses et pas beaucoup de laids - rien de plus. Violence et nudité gratuites n'ont pas besoin d'autre justification que d'exister, qu'on se le tienne pour dit!
Dommage que le 3D ne soit pas ici au service du processus : le film n'est pas meilleur, ni moins bon, parce qu'il est en 3D. C'est même un 3D très « susceptible », en ce sens que le moindre changement de position vient le dérégler. Mais ça non plus, c'est pas tellement important. Parce qu'il y a les seins de Kelly Brook, la ravissante Jessica Szohr, des filles en bikini et un vrai bain de sang. Et juste assez d'auto-dérision pour que ce ne soit pas juste une tentative désespérée de rejoindre un public (qui a dit The Expendables?).
Ce public est si merveilleusement bien cerné, bien compris par les créateurs de Piranha 3D qu'on le devine conquis d'avance. Et tous les hommes qui entendront parler qu'on peut avoir du sang, des seins, des filles nues en 3D pour pas cher* se précipiteront dans les salles. On imagine déjà l'un crier à l'autre : « Heille Potvin! Veux-tu vivre une lifetime experience? J'ai de quoi pour toi! » avant de se rendre au cinéma. Si l'idée de voir un film qui porte le titre ultra-simple de « Piranha 3D » (on ne fait pas plus simple et clair) est déjà séduisante, c'est gagné d'avance.
C'est juste du cinéma un film, c'est pas sérieux.
* Façon de parler. Ça coûte encore cher, le cinéma, surtout en 3D.