Piranha 3DD. C'est ça qui est ça. C'est tel que tel. Tout est dans le titre : des piranhas, en 3D. Des gros seins, de l'eau, on comprend le principe. C'est exactement le même qu'avec Piranha 3D, sorti il y a deux ans, sauf qu'il y a deux ans c'était au moins un peu amusant et rafraîchissant; là, on semble avoir complètement perdu toute inventivité, toute intelligence. C'est vrai que ce n'est pas le quotient intellectuel qui fait le succès d'un film comme celui-ci, mais quand même. Non mais, avouez, il faut le faire : le film commence avec des pets de cheval mort.
La suite est une accumulation de malchances et de mauvaises décisions qui mènent surtout à l'ennui. Mêmes les scènes gore sont peu inventives et redondantes, identiques à celles du premier film. Les personnages sont fades. Et dire que quelqu'un a pensé que des sous-histoires et des « justifications » étaient nécessaires... mais qu'il n'a pas cru bon se donner la peine d'y réfléchir. Il ne faut pas tenir son public en haute estime pour se sentir si peu concerné...
Il y a tellement peu d'idées dans Piranha 3DD qu'on est obligé d'avoir recours à une 3D inutile et redondante (on n'a pas pu compter le nombre de fois où un piranha nous a sauté au visage accompagné d'une musique « stressante ») plutôt que d'établir de vraies situations tendues, mystérieuses et engageantes. On s'est plutôt surpris à trouver que ça prenait quand même une solide imbécile pour plonger en pleine nuit dans un lac infesté de piranhas pour voir si les canalisations sont compromises. Et que ça prenait aussi une bonne bande d'imbéciles pour refuser systématiquement de vérifier si des piranhas tueurs d'hommes n'auraient pas envahi les conduits. Un film de série B? Plutôt de série DD!
Le problème, c'est que ces décisions douteuses - impossibles à justifier autrement que par l'imbécilité d'un ou plusieurs personnages - sont nécessaires au récit; sans ces « raccourcis », l'histoire s'arrête, le danger est circonscrit et il n'y a pas de film. Ces prétextes sont tellement factices, tellement forcés, qu'on n'y trouve aucun plaisir. C'est comme voir la mécanique d'un tour de magie; l'illusion est gâchée. Et déjà, disons que « l'illusion » d'un film comme Piranha 3DD n'est pas la plus solide...
La méta-parodie va tellement loin, les références et l'ironie sont tellement poussées qu'elles ne sont plus drôles. Déjà que la subtilité n'était pas un mot-clé dans la création de ce film; voilà que tout est prétexte à auto-dérision. Trop, c'est comme pas assez. Voilà pourtant un film qui a cependant un fort potentiel psychanalytique; quels sont les deux plus grandes craintes du jeune homme moyen? L'émasculation et le sexe féminin. Voilà peut-être le sous-texte que les érudits ont manqué...