Il faut d'abord savoir que cette adaptation cinématographique du livre éponyme pour enfants de Beatrix Potter s'adresse à de très jeunes bambins. Le film mise sur les cabrioles, grimaces et autres bouffonneries d'une famille de lapins et leurs copains. L'humour slapstick (clôture électrifiée, culbutes dans les escaliers, bagarres entre humains et lagomorphes, tir de fruits au lance-pierres, etc.) s'avère plutôt efficace en début de parcours, mais finit par devenir lassant et prévisible, même pour les petits.
Si l'on compare Peter Rabbit à des films comme Paddington, qui prône des valeurs de générosité, d'amour et d'harmonie, on ne peut que constater la faiblesse de son message. Quelle est la morale de ce nouveau long métrage britannique? Vaut mieux laisser les lapins manger les légumes de notre jardin parce que, après tout, ils sillonnaient la terre bien avant nous? C'est un peu mince, vous me l'accorderez. Bien sûr, il y a ces thématiques d'entraide et de pardon qui bourdonnent en toile de fond, mais les scénaristes y ont accordé si peu d'importance qu'on a tendance à les oublier.
L'histoire - un prétexte pour introduire d'innombrables galipettes et cascades - ne s'avère pas très intéressante, ni pour les enfants ni pour les parents. Les auteurs nous présentent un genre de triangle amoureux entre un homme rigide, une femme simple (pour ne pas dire : un peu bonasse) et... un lapin. Ce dernier s'évertue à tenter de ruiner la nouvelle relation entre les deux voisins humains afin de conserver toute l'attention de la dame, jouée par Rose Byrne. On aurait espéré un récit légèrement plus élaboré que celui que nous présente aujourd'hui la compagnie Animal Logic.
Peter Rabbit tente souvent un humour plus ironique et décalé (en s'adressant directement à la « caméra » ou en jouant avec la narration extradiégétique), mais la chose tombe à plat la plupart du temps. C'est en parlant de fourches, de mamelons et de popotins que le film atteint le plus sa cible, au grand dam des parents qui envisageaient une oeuvre légèrement plus inventive. Les chansons qui parsèment le récit sont entraînantes et amusantes. Mentionnons qu'elles ont été traduites dans la version française, une chose qu'on apprécie toujours grandement.
Certains personnages seront peut-être plus appréciés des adultes, comme ce coq qui s'étonne chaque matin de constater que le jour est revenu et ce chevreuil constamment hypnotisé par les phares des voitures, mais les grands sont plutôt laissés pour compte dans cette histoire. Reste que l'aspect visuel est respectable et que l'ensemble s'avère agréable à regarder malgré tout.
Il est fort possible que les jeunes enfants s'éclatent devant le spectacle que leur offre Pierre le lapin, mais impossible de dire qu'il s'agit d'une réussite comme la série Paddington. Il manque à Pierre un peu plus d'intelligence et de contenu pour compétitionner avec l'amateur de marmelade.