Les X-Men de 20th Century Fox s'offrent un dernier tour de piste avec Dark Phoenix, avant de rejoindre l'univers de Marvel pour Disney.
Pour cet ultime épisode, c'est l'arc narratif The Dark Phoenix Saga qui a été transposé, le même qui avait été adapté péniblement au cinéma en 2006 sous le titre The Last Stand. Son scénariste Simon Kinberg est de retour à l'écriture, s'occupant cette fois de la réalisation (sa première) tout en renouant avec l'esprit des solides oeuvres originales mises en scène par Bryan Singer au début du 21e siècle.
L'humour et la légèreté si répandus des longs métrages de superhéros contemporains laissent leur place à la noirceur, la tragédie. Celle que vient abondamment souligner la partition musicale de Hans Zimmer. Après avoir été happée par une force cosmique, Jean Grey (Sophie Turner) voit ses pouvoirs décuplés... et devenir incontrôlables.
Le film s'avère d'ailleurs un parfait reflet de cette perte de contrôle. Tourné à Montréal en 2017 puis retourné à nouveau l'année suivante après de désastreuses séances tests et un désir ardent d'éviter les comparaisons avec Captain Marvel (c'est raté), l'ensemble n'est pourtant pas le désastre annoncé. Surtout après les peu mémorables Apocalypse et Days of the Future Past. Il n'y a toutefois rien pour revenir à l'essence d'excellence de First Class.
Jouant d'intimité comme chez le remarquable et brutal Logan, l'histoire prend soin de présenter les maux de l'héroïne d'une manière psychologique qui rappelle les problèmes de santé mentale, la schizophrénie et les troubles de la personnalité multiple. Le tout à coup d'ellipses sentimentales et explicatives un peu trop envahissantes.
Sauf que ces détours salvateurs et assez inusités sont sans cesse handicapés par un schéma narratif classique de « l'important c'est la famille » et une sous-intrigue guère relevée avec des extraterrestres. Passer de l'un à l'autre ne se fait pas sans heurt, alors que les belles promesses du début ne tiennent rapidement plus la route.
À tel point que le spectateur finit par délaisser ces enjeux pour se concentrer sur les scènes d'action, époustouflantes au possible. Le soin technique s'avère appréciable, au même titre que la qualité des effets spéciaux. Certaines séquences rivalisent sans mal avec celles des Avengers, surtout lors du spectaculaire affrontement final dans le train.
Les personnages n'ont toutefois pas tous le même intérêt que chez l'ancien compétiteur devenu protecteur. Sophie Turner de Games of Thrones manque de prestance devant une diabolique Jessica Chastain sans réelle consistance. Une confrontation féminine qui ressemble davantage à une occasion manquée. De quoi se rabattre sur James McAvoy dont le Professeur X constitue véritablement l'âme de la série (d'intéressants détours scénaristiques malheureusement laissés en jachère remettent en question la légitimité de ses enseignements) et de Michael Fassbinder qui campe un Magnéto plus physique que jamais.
Davantage ancré dans la réalité terre-à-terre que ses prédécesseurs, Dark Phoenix séduit lorsqu'il décide de s'émanciper des clichés du genre, y revenant toutefois trop souvent pour ressembler à un énième épisode des X-Men. Ce n'est cependant ni le pire ni le meilleur.