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L'horreur à hauteur d'enfant.
Beaucoup se souviennent de ces années 90 où plusieurs génocides ont eu lieu. Des génocides que les médias relayaient constamment à la télévision, images terribles et choquantes à l’appui. Il y a eu celui dans les Balkans mais également le génocide Rwandais qui avait également des conséquences similaires sur le petit pays voisin, le Burundi. En adaptant le roman éponyme et autobiographique de Gaël Faye, qui a vécu ces événements durant son enfance, Éric Barbier frappe fort et dans le mille. Mais surtout il offre de la lumière à un pan de l’histoire rarement vu au cinéma. Il part donc d’un matériau en or qu’il adapte avec une grande réussite. Loin de son très décevant et ennuyant précédent film, « La Promesse de l’aube », il nous cueille dès les premières images avec ce récit à hauteur d’enfant (et qui le restera tout le long du film, respectant le point de vue du roman). « Petit pays » est à la fois magnifique de beauté et déchirant de douleur et constitue une expérience cinématographique forte et intense. Si au début du film on est plus dans un récit initiatique qui narre l’enfance d’un petit garçon métis dans un pays africain en période de post-colonisation, une partie que Barbier sait rendre à la fois intéressante et touchante, la suite bascule crescendo dans l’horreur. Mais le cinéaste parvient à nous retourner le bide en suggérant plus qu’en montrant hormis une scène sur la fin très dure (peut-être trop en rapport au reste du film mais elle a le mérite d’interpeller et d’avoir été vécue). La tension monte subrepticement et nous empoigne durablement à tel point qu’on sort de la salle complètement retourné. Le film tient sur un fil ténu mélangeant la grande Histoire à la petite. L’équilibre est parfois limite mais il se tient et le film ne bascule jamais dans un problème de cohérence narrative. « Petit pays » reste un film fort et maîtrisé de bout en bout, un film qui a le mérite de nous rappeler aux horreurs déjà oubliées pour la plupart qui ont tué des millions de gens dans l’indifférence totale pour rien d’autre qu’une différence d’ethnie. La fin se repose sur une ellipse un peu brutale mais cela n’enlève rien au brio de ce drame bouleversant. Barbier et ses scénaristes ont le bon goût de rendre le contexte politique compréhensible par tous et de vulgariser les tensions entre les deux ethnies sans être trop vague mais pas trop explicite non plus, préférant se concentrer sur les conséquences qu’ont ces bouleversements au Burundi sur l’enfance de Gaby. Jean-Paul Rouve est très présent mais reste à l’écart le point de vue de l’enfant restant toujours prédominant. A ce propos, le jeune Djibril Vancoppenolle est parfait dans ce rôle, prouvant encore que les enfants acteurs peuvent parfois être meilleurs que leurs collègues adultes et c’est la même chose pour les autres enfants du casting. Plusieurs moments du long-métrage sont particulièrement émouvants quand d’autres se révèlent plus attachants. La mise en scène de Barbier est sublime sans être trop voyante. En tout cas elle respire le cinéma à chaque plan et il nous gratifie de quelques images somptueuses, certes gratuites mais agréables à l’œil. « Petit pays » est une claque qui nous interpelle et nous touche. Du bon et du grand cinéma qui fait du mal et du bien à la fois et qui ne laisse pas indifférent. Bravo!
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Traité humainement
Il y a 3 ans, j’avais lu le roman qui m’avais happé. L’écriture était si visuelle, si précise que j’avais pu m’imaginer les décors tamisés de lumière, les rythmes, les arômes de mangue et la bêtise humaine à travers les yeux d’un enfant. Le film « Petit pays » transmet l’essence de l’Afrique, son âme, l’insouciance de l’enfance à travers ses jeux et ses rires. Il bouleverse et nous fait voir la stupidité de la guerre. Il apaise également par son traitement si humain. Courez le voir...un film extraordinaire!