Tony Scott est exaspérant. Pour un excellent drame d'espionnage à la Spy Game on doit subir un éreintant et désagréable Pelham 123 : L'ultime station, sans avoir droit à la moindre explication. Est-ce un coup de chance si le montage frénétique qui fait la marque de Scott est au service du récit à peine une fois sur cinq? S'il n'est pas le seul prétexte à une cacophonie de tôle et de freins inutiles? Pas de chance cette fois-ci, même en présence de Denzel Washington, qui doit forcément s'ennuyer à jouer toujours le même personnage, et de John Travolta, qui cherche désespérément un moyen de revenir au faîte du cool de Fiction pulpeuse en 1994, n'y change rien.
À New York, un groupe armé mené par un ancien détenu prend un otage un wagon du métro et tous les passagers à bord. Réclamant 10 millions $, les malfaiteurs déclarent qu'ils abattront un passager par minute une fois le délai d'une heure, accordé pour la livraison de l'argent, passé. L'opérateur déchu du métro Walter Garber doit rester en contact avec le malfrat afin qu'il retarde la mise en exécution de son plan. Une fois la rançon versée, comment s'échapperont-ils? Et Garber est lui aussi sous enquête de la police pour une histoire de pot-de-vin...
Le plan des malfaiteurs est au départ assez bien installé, et on est rapidement pris au jeu par cette histoire qui a ses mystères et ses revirements d'intérêt. Malgré la réalisation maladroite de Scott, utilisant sans retenue ralentis et coupures franches, on se laisse presque prendre au jeu. Les performances de Washington et de Travolta, si elles n'ont rien de valeureux ou d'excitant, ont au moins le mérite d'être dans le ton. Et le tout va rondement, efficacement même tandis que l'intrigue se complexifie, jusqu'à ce que le récit s'étende à un maire burlesque et une accusation incongrue de fraude.
D'autant que le récit refuse de s'engager dans la moindre thématique intéressante. Le méchant est-il effectivement religieux? Garber est-il coupable? Que cache ce plan en apparence bâclé? Faut-il vraiment occire toute réflexion et tout questionnement au nom du divertissement estival? Cela fait beaucoup de questions, signe que le film ne s'en est pas posé suffisamment.
Washington et Travolta, sur le pilote automatique, se donnent une réplique plus que convenue qui a bien quelques moments d'humour. Mais la panoplie de personnages secondaires qui viennent faire une courte apparition (au nom d'un « punch » comique) ne sont jamais très sérieux. Rien ici ne crée la moindre étincelle d'émotion. Et puis cette tension toute factice - le train va-t-il miraculeusement s'arrêter? - créée de toutes pièces à partir de rien en fin de parcours est vraiment désolante, pour dire le moins.
On pourrait croire que c'est tout (c'est assez, non?), pourtant plus le film avance plus il devient désagréable : le coup du « pardon pour services rendus », c'est n'importe quoi, depuis toujours et à jamais. Les poursuites en voiture sont illogiques et dangereuses, elles aussi construites à partir de rien sinon des mensonges de réalisateur omniscient. C'est de la mécanique cinématographique, qu'on tolère sur les écrans en été seulement. Sauf qu'ici, parce que Scott, Washington et Travolta se répètent et s'auto-plagient, la mécanique est rouillée et à refaire complètement.