Patients est un petit film sans prétention, un hymne à la persévérance et à l'amitié qui fait du bien, malgré la gravité de son sujet. Le long métrage, inspiré d'un passage marquant de la vie du slameur Grand Corps Malade, évite de sombrer dans le pathos et le misérabilisme. Il aurait pourtant été facile de générer un sentiment de pitié auprès du public envers ce personnage qui, à la suite d'un bête accident, une étourderie d'ado, perd l'usage de ses membres. Mais, le film choisit plutôt de livrer une leçon de vie aux spectateurs et il y arrive avec brio. On ressort de Patients serein et fondamentalement optimiste.
L'histoire est celle de Ben (Grand Corps Malade a choisi de ne pas donner son vrai nom, Fabien, au protagoniste), un jeune homme qui, après un stupide accident de parcours, se retrouve paralysé. Il fera alors un séjour dans un centre de rééducation où il réapprendra à marcher. Dans cet endroit, il fera la connaissance de plusieurs personnages colorés qui lui apprendront la vraie valeur de l'amitié.
L'acteur Pablo Pauly (ressemblant comme deux gouttes d'eau à Grand Corps Malade dans le film) fait du bon travail dans le rôle principal. Il réussit à transmettre habilement l'humour noir et cynique de son alter ego sans paraître méprisant ou trop cavalier. On s'attache très rapidement au personnage de Ben et on aimerait faire partie de sa bande (si, bien sûr, nous n'avions pas à payer le prix du handicap).
La plupart des autres acteurs sont fort efficaces, mais les plus mémorables sont certainement ceux qui interprètent les aides-soignants Jean-Marie et Christiane. Ils volent souvent la vedette aux plus jeunes. La première apparition de Jean-Marie, trop guilleret et allègre pour la situation dramatique dans laquelle se retrouve le protagoniste, marque profondément le cinéphile, qui a une envie presque irrépressible de le faire voler par la fenêtre! Un travail impeccable pour l'acteur et humoriste français Alban Ivanov.
Le scénario est bondé de « vannes » juvéniles. L'humour permet d'alléger le sujet, certes, mais les expressions et références culturelles françaises ainsi que le verlan touchent moins le public québécois. Évidemment, le film n'a pas été créé pour rejoindre toute la francophonie, mais l'effet positif de l'aspect comique du film en sera irrémédiablement altéré au Québec, vu nos divergences linguistiques.
Il faut aussi noter que la première moitié de l'oeuvre s'avère plus efficace que la seconde, qui s'étire en longueur. Le film d'une heure cinquante aurait pu bénéficier d'un raccourcissement d'une vingtaine de minutes pour gagner en puissance et en émotion.
Malgré tout, Patients génère bien des sourires et nous fait habilement reconsidérer la gravité de nos petits problèmes du quotidien.