En ciblant une catégorie de spectateurs - les préadolescents - qui est souvent délaissé par le cinéma québécois, Pas d'chicane dans ma cabane! mélange humour et émotions avec tendresse. S'il ne marque pas les esprits, le film amuse sans trop d'effets secondaires.
Alors que maman (Isabelle Blais) et papa (Pierre-Luc Brillant) passent leur temps à s'engueuler, leur fille (Charlotte St-Martin) aimerait bien les voir divorcer. Elle décide alors de créer avec ses amis un tribunal où ils seront jugés!
Divorcer ou ne pas divorcer? Telle est la question. La scène d'ouverture, où des enfants se confient sur cette épineuse question, semble être tirée du réel et elle rend hommage au long métrage culte À l'ouest de Pluton, une des plus belles oeuvres québécoises sur la jeunesse.
La suite apparaît plus formatée. Ce récit d'apprentissage mené tambour battant traite de thèmes forts - la famille, l'amitié, la nécessité de communiquer - en demeurant en surface, au détour d'un ton parfois appuyé et moralisateur. Rien n'est noir ou blanc et il ne faut surtout pas juger avant de savoir. La description de cet âge ingrat (les élèves qui assisteront bientôt à leur bal de 6e année du primaire) n'est pas tant inscrite dans la réalité d'aujourd'hui que dans celle, référentielle et sans doute personnelle, de ses scénaristes.
Malgré ses invraisemblances, le sujet pique la curiosité parce qu'il sort des sentiers battus. L'héroïne va assembler une équipe d'apprentis juge et avocats afin de monter un spectacle/tribunal où elle pourra s'exprimer librement sur ses parents. Une idée qui vaut le détour et qui donne plusieurs séquences assez cocasses. Dommage que l'humour ne soit pas toujours le plus subtil et élaboré lorsque l'action retourne sur le terrain de l'école et de l'autobus.
Charlotte St-Martin (découverte dans Les affamés) soutire le maximum de ce personnage peu charismatique, qui aurait mérité plus de couches et de nuances. À l'image de ses jeunes partenaires, qui manquent parfois de naturel devant la caméra. Cela va évidemment mieux du côté d'Isabelle Blais et de Pierre-Luc Brillant, ce couple dans la vie de tous les jours qui ne semble pas jouer lorsqu'il figure à l'écran.
La réalisation de ce premier long métrage de Sandrine Brodeur-Desrosiers apparaît appliquée et colorée, ponctuée de flashs fantaisistes. Un plus grand travail sur la forme lui aurait toutefois permis d'asseoir davantage sa personnalité. La vibrante musique originale de Peter Venne ressemble à s'y méprendre au travail d'Alexandre Desplat sur Moonrise Kingdom. Les comparaisons sont d'ailleurs nombreuses avec le classique de Wes Anderson.
À une autre époque, Pas d'chicane dans ma cabane! aurait certainement figuré parmi les célèbres Contes pour tous. Il s'agit d'un divertissement agréable et oubliable, peuplé de valeurs louables et de sentiments exacerbés, qui cherche surtout à réconforter avec légèreté. De quoi ravir le public cible.