Paris, c'est l'histoire d'un homme qui va mourir. Mais Paris, ça ne peut pas être que ça tellement la ville est cosmopolite et plurielle. Une évidence : ces individus que l'on croise dans la rue ont une vie à eux, une histoire parallèle qui ne nous regarde pas et dont on ne sait rien. En faisant de Paris le théâtre de centaines de milliers d'histoires depuis cent ans de cinéma, on oubliait des centaines de milliers d'autres histoires. Cédric Klapisch en oublie aussi, mais il se met au défi d'en aborder le plus possible en deux heures ou un peu plus. Cela veut dire beaucoup d'esquisses mais peu de résultats, tout spécialement avec des personnages qui ne savent pas toujours où ils vont. De l'immigrant clandestin au sans-abri, de la boulangère au vendeur de fruits au marché, sans oublier le professeur d'histoire et son étudiante, cela fait toute une panoplie de personnages secondaires, qui n'ont parfois qu'un intérêt tout secondaire. Le film est un peu comme eux : un peu drôle, un peu triste, un peu confus aussi. Mélancolie et stéréotypes sont au rendez-vous, témoins les quelques notes de piano de Satie.
Les ambitions de Klapisch, après L'auberge espagnole et Les poupées russes, ne sont pas entièrement réalisées parce qu'elles ne lui sont pas toutes entre les mains; l'efficacité de chacune de ces petites histoires passe en premier lieu par les comédiens, souvent justes mais pas toujours. Ils sont soit tout simplement sous-utilisés, à un point tel qu'on n'arrive jamais à les saisir correctement, ou alors un peu fades. Romain Duris, fidèle collaborateur, a de la difficulté à bien s'exprimer entre les quatre murs de son appartement (excepté quand il danse), entre les révélations mélodramatiques et les réflexions solitaires. François Cluzet ne convainc pas tellement non plus, tandis que d'autres personnages ne font que passer quelques instants. C'est peut-être un concept, c'est peut-être voulu, mais cela nuit au film alors qu'on ne peut s'empêcher de souhaiter un retour pronto à la trame qui réunit Fabrice Luchini, prof d'histoire angoissé, à Mélanie Laurent. La seule histoire autosuffisante du lot. Le scénario a quelques bonnes blagues et Juliette Binoche livre une performance rafraîchissante, mais tout n'a évidemment pas la même valeur ni la même efficacité.
D'instinctif qu'il était au départ, le montage redevient vite un peu trop convenu. D'une histoire à l'autre, le rythme casse souvent, à la recherche d'un véritable fil conducteur. Des histoires d'amour - comme on n'en voit plus! - se font et se défont en quelques secondes, laissant en plan d'autres moments bien plus palpitants. Les spectateurs bien avisés ne se surprendront pas un instant de ces personnages qu'on oppose simplement : à la raciste inavouée envoyons une mulâtre, au mourant envoyons des enfants tout pleins de vie. L'idée est bonne, le résultat, un peu moins.
Réalisé avec beaucoup plus de savoir-faire cependant que la plupart des comédies stéréotypées habituelles - qu'on attribue souvent aux Américains mais dont les Français se rendent aussi coupables -, Paris fonctionne pourtant assez bien. On trouve surtout le drame où on ne le cherchait pas : chez Luchini, véritable moteur du film, à la fois drôle et touchant. Abordés sans gêne apparente, ces clichés alourdissent inutilement le propos, tout comme ces nombreuses histoires inabouties. De deux choses l'une : ou bien la vie est un cliché, ou bien les Parisiens sont tous pareils.
Réalisé avec beaucoup plus de savoir-faire cependant que la plupart des comédies stéréotypées habituelles - qu'on attribue souvent aux Américains mais dont les Français se rendent aussi coupables -, Paris fonctionne pourtant assez bien. On trouve surtout le drame où on ne le cherchait pas : chez Luchini, véritable moteur du film, à la fois drôle et touchant. Abordés sans gêne apparente, ces clichés alourdissent inutilement le propos, tout comme ces nombreuses histoires inabouties. De deux choses l'une : ou bien la vie est un cliché, ou bien les Parisiens sont tous pareils.