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Filles de caractère!
On ressort de la projection de « Papicha » avec l’impression d’avoir vu quelque chose de fort, plein de rage mais également empreint de douceur. Un long-métrage porteur d’un message nécessaire et qu’il est important de rappeler en ces temps troubles. Mounia Meddour nous offre donc une œuvre engagée qui dénonce avec puissance l’intégrisme religieux. Une œuvre qui souffle un grand vent de liberté et de tolérance. Une oeuvre profondément féministe, mais complètement en dehors de la mode female power ayant cours en ce moment, juste réclamant l’égalité entre les sexes et pointant du doigt le sort qu’on leur réserve au nom d’une certaine vision de la religion. Sur tous ces versants, c’est parfaitement réussi et c’était de toute manière les intentions affichées du film et de sa réalisatrice. Tout aussi pertinente, forte et mémorable que des œuvres sur des sujets similaires telles que « Marock », « Much Loved » ou « Mustang », « Papicha » prouve que le cinéma arabe version féminine a quelque chose à dire et le fait bien, se dote de réalisations stylisées et d’histoires voulant faire bouger les choses et réfléchir. Cela permet de mettre un coup de projecteur sur des cinématographies en plein essor et en pleine possession de leurs moyens.
Le film doit également beaucoup à la fraîcheur, la motivation et la justesse de ses jeunes interprêtes dominé par une Lyna Khoudri déchaînée, véritable tornade éprise d’égalité et de liberté. Son interprétation est boulversante. On pourra reprocher le côté manichéen concernant la vision des hommes, tous machistes, misogynes et porté sur l’obscurantisme religieux où la femme doit être un objet soumis, caché et vouée aux diktats de Dieu. Heureusement, le personnage de Mehdi joué par Yasin Houicha apporte des nuances bienvenues et donne au film quelques jolies séquences sentimentales. On suit l’histoire de ces papichas dans une Algérie des années 90 reconstituée avec soin et où plane l’ombre d’un terrorisme et d’une oppression parfaitement retranscrits.
La mise en scène de Meddour reste dans la mouvance de ses modèles (ou inspirations) citées plus haut, c’est-à-dire en plans serrés avec caméra à l’épaule et montage nerveux. Donc rien de nouveau de ce côté mais rien de déplaisant non plus. En revanche, même si cela ajoute à la dramaturgie et à l’émotion que l’on ressent à la vision de « Papicha », l’assassinat de la sœur ajouté à ce qui se passe lors de la scène finale du défilé font un peu chargé. C’est inspiré de faits rééls mais ces éléments inventés pour marteler le propos semblent un tantinet lourds. Un de moins n’aurait pas été préjudiciable, on aurait tout autant compris le message. Un message fort et nécessaire, notamment à l’heure actuelle dans les pays arabes mais aussi de plus en plus dans les pays occidentaux. « Papicha » est une œuvre captivante, prenante, émouvante et surtout puissante en dépit de ses quelques maladresses.
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