Produire un prequel à The Wizard of Oz, c'est un défi plein d'embuches et d'incertitudes. Initialement, c'est une bonne idée, mais dans les faits, si le film qui découle de ce projet ambitieux est insatisfaisant, on risque d'offenser bien des irréductibles. De plus, le point de départ reste une oeuvre datant des années 30 (le premier film en couleurs d'ailleurs), pour rester cohérent dans l'esprit du film original, il faut user d'imagination et savoir jongler avec le médium, chose que sont parvenus à faire Sam Raimi et son équipe. Oz: The Great and Powerful s'avère une habile introduction au classique cinématographique de Victor Fleming et une oeuvre tout aussi brillante lorsque sortie de son contexte de prologue.
Bénéficiant de tous les artifices du cinéma américain et de la technologie moderne, Oz: The Great and Powerful est visuellement stupéfiant et globalement envoûtant. Bien qu'il persiste toujours quelques séquences moins bien peaufinées dans lesquelles on peut apercevoir les écrans verts (il faut tout de même y mettre de la volonté pour les deviner derrière les décors colorés), l'esthétique générale de l'oeuvre a de quoi éblouir les petits comme les grands. Ces derniers verront peut-être certaines corrélations avec le Alice in Wonderland de Tim Burton - et avec raison puisque Oz a mandé les talents des mêmes directeurs artistiques; Stefan Dechant et Todd Cherniawsky -, mais les enfants, grandement (et habilement) sollicités dans ce film, n'iront pas jusqu'à déceler les similitudes.
Les thématiques exploitées dans la production sont assez conventionnelles, mais suffisamment pertinentes pour toucher le public et l'amener à rêver. Les vieux classiques de « l'homme bon » et de « pour que ça existe, il faut d'abord y croire » sont encore d'actualité aujourd'hui et possèdent la même efficacité que dans les années 30. Le magicien charlatan qui s'attaque à une armée de soldats avec de banals tours d'illusionniste et la magie du cinéma (qui en était alors à ses balbutiements - 1905) a de quoi conquérir n'importe quel cinéphile.
Comme, de nos jours, la nouvelle invention à la mode est le 3D, on n'y échappe pas. Mais, Oz: The Great and Powerful fait peut-être partie des quelques films qui, avec les arguments adéquats, peuvent convaincre les plus septiques de son utilité. Ici, la troisième dimension apporte un élément de fantastique, d'intangible, qui sied bien à l'univers mythique du pays d'Oz. Il n'y a que les quelques minutes du début (peut-être un peu longues d'ailleurs) en noir et blanc qui ne collent pas avec la technique moderne de stéréoscopie et qui, de toute façon, s'avèrent beaucoup trop sombres avec les lunettes. Le 3D aurait dû débuter lorsque le personnage entre dans le monde enchanté et que l'image s'allonge jusqu'à un ratio 16:9 conventionnel.
Le petit singe parlant et la poupée de porcelaine, qui accompagnent le protagoniste dans son aventure, sont très bien réalisés et profondément attachants. Michelle Williams fait du bon boulot dans le rôle de la bonne sorcière et James Franco est aussi fort crédible en tant que magicien démagogue. Oz: The Great and Powerful se révèle un film familial divertissant et aussi exaltant pour les parents que leur progéniture. Un défi casse-gueule, audacieux, risqué, mais réussi.