Hunter Killer semble sorti d'une autre époque. Plus exactement celle des années 80 avec son machisme ambiant, ses leçons dégoulinantes de propagande américaine et ses enjeux politiques simplistes sur fond de Guerre froide. Sauf que contrairement à ses prédécesseurs douteux, le nouveau venu n'amuse jamais. Pire, il se prend terriblement au sérieux, fonçant le nez premier vers la médiocrité.
Faire appel à Gerard Butler est rarement un bon signe. Pour un film particulièrement réussi comme RocknRolla, il s'est commis dans dix horribles Law Abiding Citizen. En chute libre depuis l'excellent Coriolanus en 2011, sa carrière touche le fond avec cette production consternante d'un ridicule consommé, où il apparaît la première fois à l'écran en sauvant de la mort une maman chevreuil... On en vient presque à regretter son Geostorm qui lui, n'avait pas honte de passer pour une série B et même Z. Et que vient faire dans cette galère Gary Oldman, le récent lauréat de l'Oscar du meilleur acteur? Sa Darkest Hour ne se trouverait-elle pas plutôt ici? Tout le monde a besoin d'argent pour payer son hypothèque, mais il y a tout de même une limite.
Les voilà se noyer dans une intrigue sans queue ni tête sur des sous-marins torpillés, un président kidnappé et une menace de conflit nucléaire entre la Russie et les États-Unis. Le récit adapté du livre Firing Point ressemble à du mauvais Tom Clancy. On revisite pratiquement The Hunt for Red October en l'aseptisant - oui, oui, c'est possible - encore davantage de sa subtilité. L'ensemble aurait pu s'appeler Russia Has Fallen, en clin d'oeil à Olympus Has Fallen et London Has Fallen, les deux derniers succès de Butler. En multipliant les destins de ses personnages qui évoluent à la fois sous l'eau et sur la terre, les scénaristes ont pondu un ramassis de clichés qui ne s'intègrent jamais correctement à la trame principale. Chacun joue dans son propre film, ce qui est toujours problématique.
Un minimum de savoir-faire technique est présent afin de ne pas boire la tasse complètement. Il y a une certaine compétence qui pourrait même intéresser les irréductibles du genre. Néanmoins, le cinéaste Donovan Marsh (Spud) a abandonné ses comédies sans vraiment trouver ses repères dans un cinéma plus musclé. Il plonge tête première dans l'action, visant l'efficacité en n'obtenant que la redondance. On se croirait parfois devant un Michael Bay de bas étage, avec ces fusillades interminables et ces séances de missiles qui explosent inlassablement. Le rythme trop souvent défaillant rend le tout encore plus assommant. Autant il y a eu de plus que potables opus de sous-marins (l'excellent Das Boot de Wolfgang Peterson pour son suspense à hauteur humaine et même Crimson Tide de Tony Scott grâce à son esthétisme soigné), autant Hunter Killer échoue à imposer une vision, un style.
Alors que l'actualité ne manque pas de montrer le duel que se livrent les États-Unis et la Russie, cette création ne fait que rappeler que « nous sommes tous frères » et que dans la vie, il y a des « bons Russes » et des « mauvais Russes ». Et quoi encore!