Opération Casablanca possède de nombreuses ressemblances avec la comédie québécoise L'appât d'Yves Simoneau; son sujet satirique, ses protagonistes loufoques, sa trame narrative impliquant un agent expérimenté et un abruti empoté pris dans une histoire d'espionnage international, sa prudente réalisation ainsi que ses blagues légères, mais leur similitude la plus importante est sans contredit la puérilité et l'inefficacité de leur scénario respectif. Le long métrage, produit en collaboration par la Belgique, la France et le Québec, démontre très peu d'aptitudes humoristiques en plus de mettre en scène des acteurs vraisemblablement inconfortables dans la peau de ces grossiers personnages. L'excellent Émile Proulx-Cloutier, qui avait surpris et ému bien des cinéphiles lors de ses apparitions dans Le banquet et Le déserteur, incarne ici un Trifluvien islamiste extrémiste aux limites de l'absurde qui ne réussit à amuser ni à effrayer personne (pas la faute de l'acteur qui est probablement le moins gauche au sein de cette distribution inégale).
De nombreuses inepties narratives - comme les cris réguliers que pousse l'estomac du « héros » lorsqu'il est dans une situation alarmante ou les nombreux quiproquos qui ne font qu'enfoncer plus profondément le personnage principal dans l'embarras - ralentissent considérablement le récit et n'obtiennent guère l'effet comique escompté. Une explosion qui survient lors d'une présentation Tupperware ou une grand-mère insouciante qui déjoue les plans des criminels avec l'aide de son chien carlin n'ont rien de cocasse en plus d'être d'une étonnante banalité. Il n'y a rien de mal à vouloir produire une comédie burlesque, mais (puisque ce style a souvent été exploité par les Français) on se doit au moins d'user d'un peu d'originalité sinon, l'exercice est inutile et le résultat est décevant.
Plus de 50% (si ce n'est pas plus) des films français contemporains traitent de la thématique des discriminations raciales et donc, puisque ce leitmotiv est devenu presque une tradition au sein de la cinématographie européenne, elle se doit d'évoluer, d'être développée par des plumes distinctes, par des auteurs et des avenues différentes. Malheureusement, lorsqu'on écoute une comédie sur le sujet, on a souvent l'impression de les avoir toutes vues, et Opération Casablanca fait définitivement partie de ce lot imposant d'oeuvres pastiches sur la ségrégation arabe. La morale - le message - du film (et de bien d'autres avant lui) tourne autour de l'acceptation de ses origines et de la tolérance d'autrui envers les ethnies; un postulat valable, il va sans dire, mais, encore une fois, immensément prévisible et quelconque.
La conclusion futile et incohérente (lorsque le dernier mot d'une production majoritairement européenne est « tabarnak », on se doit d'admettre son impertinence) n'est que le paroxysme d'un navrant scénario. L'absurde, tout comme la comédie dans son sens plus large, est un genre très délicat, il suffit d'un détail pour transformer une bourde désopilante en une situation stipule et dégradante. Et tristement, il semble que les créateurs d'Opération Casablanca aient raté la cible à tous les coups, comme quoi il n'arrive pas qu'aux Québécois de choisir les mauvais « appâts ».
Opération Casablanca possède de nombreuses ressemblances avec la comédie québécoise L'appât d'Yves Simoneau; son sujet satirique, ses protagonistes loufoques, sa trame narrative impliquant un agent expérimenté et un abruti empoté pris dans une histoire d'espionnage international, sa prudente réalisation ainsi que ses blagues légères, mais leur similitude la plus importante est sans contredit la puérilité et l'inefficacité de leur scénario respectif.