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Bonne entente.
Pascal Elbé retourne derrière la caméra pour son troisième film et c’est que du bonheur. Après les moyens « Tête de turc », un film social, et « Je compte sur vous », un polar entre comédie et drame, le revoilà qui aborde un nouveau genre, celui de la comédie romantique. Et il signe clairement son meilleur film. Il s’approprie ce genre si balisé de manière naturelle et solaire par le biais d’une idée originale : faire du protagoniste principal un malentendant. Et ce qui n’aurait pu être qu’un gimmick ou un prétexte permet à « On est fait pour s’entendre » de rivaliser d’idées amusantes et de donner un coup de fouet inattendu au genre. On sent même que le film aurait pu se passer du versant sentimental tant cet aspect est bien exploité et se suffit à lui-même. La preuve, la véritable rencontre entre les deux tourtereaux ne se fera qu’à une bonne moitié du film. Mais ce n’est absolument pas gênant.
On apprécie aussi le fait qu’Elbé fasse venir de nombreux comédiens chevronnés pour ses seconds rôles. Des personnages secondaires bien écrits et campés par des acteurs de métier qui brillent malgré le peu de scènes qu’ils ont à jouer. De Marthe Villalonga en mère atteinte d’un début d’Alzheimer à Emmanuelle Devos en sœur complice (qui retrouve le thème plutôt rare de la surdité mais cette fois en version comique et légère après le drame d’Audiard « Sur mes lèvres ») en passant par un François Berléand roublard en collègue compréhensif, le réalisateur et acteur a fait venir ses amis dans son nouveau film pour un casting enthousiasmant et qui fait plaisir à voir. D’ailleurs, Elbé est tout aussi bon devant la caméra (il s’y révèle drôle, juste et touchant en quinquagénaire qui commence à perdre l’ouïe) que derrière (sa mise en scène discrète mais appliquée est très agréable à l’œil). De plus, « On est fait pour s’entendre » ne souffre d’aucune baisse de rythme et se suit vraiment avec bonheur.
Seul hic, au début du film les moyens pour faire comprendre la surdité d’Antoine, personnage principal du long-métrage donc, sont un peu grossiers et poussifs. Pour le bon déroulement du film, on dirait qu’il entend ou qu’il ne comprend rien selon les nécessités du script nonobstant la logique et le contexte. On craint donc le pire au début, mais le doute se dissipe vite pour laisser place à une justesse d’écriture sur les malentendants vraiment appréciable. « On est fait pour s’entendre » alterne joyeusement les moments drôles, même si on n’éclate jamais vraiment de rire, et les moments plus tendres mais jamais niais. Certaines scènes sont même vraiment savoureuses, on pense notamment à leurs premières rencontres sur le pas de porte puis au restaurant et au conseil de classe. On passe vraiment un bon moment et le film peut compter sur l’une des nouvelles reines sur le tard de la comédie française : Sandrine Kiberlain. L’actrice enchaîne les rôles comiques avec brio et une facilité déconcertante (souvenons-nous de son excellente composition cet été dans « Les 2 Alfred »). Bref, c’est léger, c’est réussi et c’est un régal.
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