Il n'y a pas que les mets asiatiques qui envahissent l'Amérique; ce remake américain avec Joshua Jackson (où était-il, celui-là? pour peu on le prendrait pour le fantôme) d'un film thaïlandais (mais qui se passe quand même au Japon, parce que c'est épeurant le Japon) est exactement dans les mêmes saveurs que tous les autres remakes américains de films asiatiques des dernières années. La musique excessivement appuyée, les bruits étranges et les plans de caméras cachottiers qui font, de nos jours, l'effroi au cinéma sont donc au menu de ce film insipide qui utilise la même vieille recette pour tester les réflexes du public, qui n'a pas besoin d'avoir peur pour être surpris par les mêmes trucs depuis Poltergeist.
Après leur lune de miel, Ben et sa nouvelle épouse Jane se rendent au Japon, où Ben a décroché un nouveau contrat. Mais après avoir renversé une piétonne en pleine nuit sur une route déserte, Jane ressent l'esprit de la jeune fille qui tente de se venger et qui se manifeste par des taches mystérieuses sur les photos de Ben.
Les principales aberrations des films de ce genre sont présentes dans Obturateur : se séparer en entrant dans une maison hantée, dormir paisiblement alors qu'un esprit maléfique vous pourchasse depuis une semaine, refuser de croire au début - quand quelqu'un comprendra-t-il enfin que le coup de l'incrédulité ne fonctionne plus? - et l'enquête de la pauvre Jane (Racheal Taylor, la seule convaincue de son talent) est d'un ridicule consumé. Malgré quelques frissons, le film n'arrive jamais à maintenir la tension à cause, justement, de ces idioties et de l'inaction des personnages, victimes immobiles incapables de confronter ce qui les menace.
Les surprises sont limitées au strict minimum, surtout que le Japon est devenu un théâtre prévisible pour les films d'esprits et de fantômes de l'au-delà. Et d'expliquer ces manifestations surnaturelles par l'axiome : « quelque chose d'inachevé » était acceptable dans Casper, mais ici... À peine cinq minutes après le début du film, on me chuchotait déjà dans l'oreille, l'air faussement sincère : « je ne suis pas sûre, mais je pense que les photos vont avoir une importance dans l'histoire », preuve que le réalisateur n'a pas cru bon d'user d'un peu de subtilité. Quelle chance d'avoir un photographe comme personnage principal quand les morts se manifestent par la photographie, quelle chance qu'il ne puisse quitter le Japon, quelle chance!
L'effet phi, cette manie qu'a le cerveau de combler les vides entre les images sur l'écran par ce qui lui semble le plus rationnel (qu'on illustre très bien lorsque Jane regarde le fantôme se déplacer dans son salon sur des photos) est doublement sollicité par Obturateur.
Après les téléphones cellulaires et les téléviseurs, la photographie est la nouvelle porte entre le monde des morts et le monde des vivants. Est-ce le signe d'une crainte postmoderne généralisée envers la technologie? Le mal y est profondément caché, semble-t-il, et les réalisateurs en profitent pour ancrer dans le « plausible » de la « vraie vie », les peurs d'une société. À une époque, ça fonctionnait, mais cette société n'existe plus, et elle rit devant cette fausse peur, ces fausses frayeurs causées par la musique trop forte. Heureusement qu'elle ne connaît pas PhotoShop...
Il n'y a pas que les mets asiatiques qui envahissent l'Amérique; ce remake américain avec Joshua Jackson (où était-il, celui-là? pour peu on le prendrait pour le fantôme) d'un film thaïlandais (mais qui se passe quand même au Japon, parce que c'est épeurant le Japon) est exactement dans les mêmes saveurs que tous les autres remakes américains de films asiatiques des dernières années. La musique excessivement appuyée, les bruits étranges et les plans de caméras cachottiers qui font, de nos jours, l'effroi au cinéma sont donc au menu de ce film insipide qui utilise la même vieille recette pour tester les réflexes du public, qui n'a pas besoin d'avoir peur pour être surpris par les mêmes trucs depuis Poltergeist.