Il n'y aura pas de jaloux cette année à Noël. Après le tendre film choral québécois 23 décembre qui s'inspirait de Love Actually, place à Violent Night qui s'amuse à piger à gauche et à droite dans les classiques du temps des fêtes.
Il y a d'abord beaucoup de Die Hard (les deux premiers épisodes) au sein de cette production qui se déroule principalement dans une luxueuse maison. C'est là que débarquent des voleurs qui tentent de dérober une large somme d'argent en prenant ses résidants en otage.
Leur seul salut réside dans les mains du Père Noël (David Harbour), un être vulgaire et malcommode qui aime bien boire, chialer et même uriner en plein ciel. Il s'agit sans doute d'un vague cousin du Bad Santa de Billy Bob Thornton avec son humour trash. Et comme Alain Chabat dans Noël & Cie, il n'hésite pas à engueuler ses rennes et même à utiliser un peu de magie en cas de besoin.
Personne ne croit en lui. Surtout pas la famille qu'il doit défendre et qui passe son temps à s'engueuler. Un peu plus et on se croirait devant Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin avec tous ces coups bas, ces frères et soeurs qui se détestent, ces petits-enfants suffisants et cette matriarche qui ne fait qu'à sa tête. Cette dernière est campée par l'électrisante Beverly d'Angelo, figure inoubliable du désopilant National Lampoon's Christmas Vacation.
Un seul petit être est disposé à aider le Père Noêl. Il s'agit d'une enfant mignonne comme tout, qui assiste impuissante aux disputes entre ses parents. Elle a beaucoup regardé Home Alone et elle n'hésite pas à créer des pièges et des traquenards afin de repousser les malfrats.
Cette prémisse est bien savoureuse et absurde sur papier. Mais qu'offre réellement Violent Night à l'écran? Il s'agit d'un divertissement qui va dans tous les sens, qui fonctionne et déçoit à la fois, selon son seuil de tolérance. Oui la violence coule à flots, il y a des scènes bien gores et des moments hilarants. Tout ce qui lui manque sont des numéros chantés avec des zombies comme dans Anna and the Apocalypse.
Sauf que la création aurait pu aller beaucoup plus loin. Comme le récent Bullet Train, elle semble sans cesse se retenir, se satisfaisant de rejoindre un large public de 13 ans et plus au lieu de délirer solidement en visant un carnage plus prononcé et satisfaisant. L'ensemble cherche tellement à être culte qu'il en devient un peu épuisant.
Beaucoup trop long (près de deux heures) et tardant avant de se mettre en branle, le long métrage vaut son pesant d'or lors des affrontements musclés. Il y a pourtant énormément de séances de blabla et de bons sentiments à se farcir, rappelant que ce n'est pas nécessairement la tasse de thé des scénaristes Pat Casey et Josh Miller qui ont travaillé sur les deux tomes de Sonic and the Hedgehog.
Cet ennui est rompu par la réalisation vigoureuse de Tommy Wirkola, qui ne s'est jamais autant amusé que lorsqu'il possède carte blanche sur un projet. Après quelques essais soporifiques, il revient à l'essence de Dead Snow et de sa suite, prenant son pied haut la main. Il propose des chorégraphies d'action qui, pour une rare fois dans le cinéma contemporain, ne semblent pas trop saccadées. Surtout que les armes à la disposition de l'antihéros en feront sourire plus d'un.
Est-ce que ce sera le rôle qui lancera définitivement la carrière cinématographique de David Harbour? Sans doute pas. L'acteur fait toutefois bien meilleure figure que dans l'horrible Hellboy, amenant une certaine mélancolie à un être particulièrement monolithique. Il est entouré de personnages ternes et souvent énervants, pourtant défendus par des comédiens de talent comme John Leguizamo en grand méchant.
Violent Night offre finalement ce que laissait présager sa bande-annonce. Ni plus ni moins. Personne ne s'attendait à une relecture de Fanny & Alexandre. Cela aurait pu être plus sanglant, original et mémorable. Mais en même temps, il y a une tentative assez réjouissante de trancher avec les traditions des fêtes en offrant un melting-pot de ce qui a été fait précédemment dans le cinéma populaire et de l'accompagner d'une bonne dose d'hémoglobine. Comme plaisir coupable, il s'est fait bien pire.