Les manipulations génétiques, le clonage humain, les erreurs scientifiques sont des sujets riches et actuels mais qui ont tellement été abordés au cinéma qu'ils tombent trop souvent dans l'imitation ou la pâle caricature - et couramment de manière entièrement involontaire, comme c'est le cas de Splice. On installe dès les prémisses un climat d'incertitude, une « tentative » de suspense, mais bien trop vite cette atmosphère inquiétante devient grotesque (faire l'amour avec son expérience ou même être attiré physiquement par elle relève tout simplement d'une aliénation mentale et ne peut être considéré par le public comme d'un événement sérieux). Même si la bestiole, mi-humaine mi-animale, est tout de même bien faite - ses mouvements sont fluides et on ne ressent presque pas la présence de l'écran bleu - et que le débat génétique reste intéressant, on oublie tous ces aspects positifs lorsque le scénario plonge - bien trop vite - dans l'absurdité et l'incohérence.
Clive et Elsa sont un couple de scientifiques qui travaillent sur la manipulation génétique. Après être parvenu à coupler avec succès des cellules de différentes catégories d'animaux pour former une nouvelle espèce, ils décident, malgré l'interdiction de leurs bailleurs de fonds, de jumeler des cellules humaines à l'expérience. Se développant beaucoup plus rapidement que la normale et adoptant des caractéristiques de ses différents donneurs, le spécimen hybride, nommé Dren, cause de nombreux tourments à ses créateurs qui doivent garder son existence secrète. Même en ayant les meilleures intentions du monde, souvent, les erreurs scientifiques sont irréparables.
Le scénario est définitivement l'élément le plus problématique (puisqu'improbable) de l'oeuvre de Vincenzo Natali. L'histoire débute assez méthodiquement - la ferveur et la dévotion des scientifiques sont crédibles et le milieu dans lequel ils évoluent l'est également - mais dès que la créature débarque dans leur vie (de manière beaucoup trop dramatique et intense), les scènes burlesques se succèdent - le protagoniste tente à un certain moment de tuer la bestiole et plus tard, toute animosité disparue, lui apprend à danser (oui oui à danser) - et la crédibilité du récit s'estompe périodiquement jusqu'à une absurde (le mot est ici pondéré) finale.
Adrien Brody et Sarah Polley adoptent un style de jeu très intense, presque frénétique, du début à la fin. Ce ne sont certes pas de mauvais acteurs, ils ont tous deux su le prouver par le passé (Brody a tout de même remporté un Oscar), mais ce ne sera pas grâce à cette performance discutable qu'ils seront reconnus et applaudis pour leur talent. Delphine Chanéac, qui incarne quant à elle la « nouvelle espèce », ne donne pas non plus une performance mémorable. Toutes ses émotions doivent être transmises par son visage et on ressent très rapidement les efforts vains de l'actrice pour mettre en évidence les aspects « proie et prédateur » de son personnage (très stéréotypé). Peut-être faut-il les excuser, le scénario ne leur permettait guère de s'épanouir et d'approfondir leur personnage, mais reste que leur performance décousue s'ajoute à une longue liste de défauts que compte ce film.
Splice, tout comme son thème central nous l'expose maladroitement, est une expérience qui a mal tourné. On voulait peut-être nous convaincre des dangers de la manipulation génétique, des risques que prennent certains scientifiques avec l'ambition de sauver l'humanité, de guérir les cancers et d'éviter les épidémies, mais on ne parvient qu'à prouver qu'il est facile de tomber dans le ridicule quant notre personnage principal est une bestiole hybride qui trimbale un ourson en pelouse, qui a des pulsions sexuelles, du poison dans la queue et qui peut se faire pousser des ailes à volonté.
Splice, tout comme son thème central nous l'expose maladroitement, est simplement une expérience qui a mal tourné.
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