Après Turbo Kid et Summer of 84, le trio RKSS, formé des cinéastes québécois François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell revient à la charge avec We Are Zombies, adaptation de la bande dessinée Les zombies qui ont mangé le monde de Jerry Frissen et Guy Davis.
La particularité de cette énième apocalypse de morts-vivants c'est que, pour une rare fois, nous pourrions affirmer qu'il y avait effectivement de la fumée sans feu.
Oui, les défunts sont de retour parmi nous, mais ils n'ont pas de pulsions incontrôlables les poussant à vouloir dévorer notre cerveau et/ou nos entrailles. Ceux-ci vaquent plutôt à différentes occupations en fonction de leur niveau de conscience et de décomposition.
Mais lorsqu'un non-vivant devient un trop lourd fardeau pour ses proches, une compagnie se charge de le prendre en main. Se faisant passer pour des employés de ladite corporation, les magouilleurs Karl (Alexandre Nachi), Freddy (Derek Johns) et Maggie (Megan Peta Hill) passent chez les clients juste avant les professionnels certifiés pour récupérer la dépouille animée, et la revendre à un riche artiste particulièrement inspiré par la chair décrépite.
Tout va comme sur des roulettes... jusqu'au jour où les employés affectés par cette combine découvrent le pot aux roses.
En théorie comme en pratique, We Are Zombies sort des sentiers on ne peut plus battus d'un sous-genre surexploité du cinéma d'horreur en portant un regard à la fois comique, dégoulinant et juvénile sur ce récit de fin du monde qui devrait bien finir par se produire réellement un jour (n'est-ce pas?).
Entre des élans de créativité aussi grotesques qu'absurdes, les synthétiseurs toujours de circonstance du duo montréalais Le Matos, plusieurs gags qui font mouche, et notre petit plaisir personnel de voir des comédiens comme Guy Nadon, Stéphane Demers et Benz Antoine prendre part au projet avec un plaisir évident, le film a suffisamment de cordes à son arc pour courtiser les aficionados de ce type de récits.
D'autant plus que, malgré des moyens limités, la production a de la gueule, défendant bien son look bédéesque par l'entremise de décors extravagants et d'un choix de couleurs particulièrement contrastantes.
Malheureusement, à l'instar de certains morts-vivants, le scénario laisse rapidement paraître un manque flagrant de chair autour de l'os.
Les personnages demeurent unidimensionnels et volontairement stéréotypés, ne remplissant au final qu'une unique fonction narrative. La qualité des dialogues est aussi assez inégale, nous donnant l'impression que le trio aux commandes a pris les bouchées triples en faisant dire à leurs protagonistes tout ce qui pouvait leur passer par la tête, le bon comme le mauvais.
Surtout, la trame dramatique de We Are Zombies s'avère plutôt banale et menée d'une façon résolument amateure, et ce, même si celle-ci se déploie à l'intérieur d'un univers plutôt bien développé et mis en scène. Le long métrage regorge en ce sens d'idées astucieuses et d'observations perspicaces (la défense des droits des personnes souffrant de la condition précaire de ne pas être en vie en est un très bon exemple), mais qui ne sont pas toujours menées à leur plein potentiel.
Évidemment, vous savez précisément à quels classiques du genre plusieurs seront tentés de comparer le présent exercice. Mais We Are Zombies démontre une volonté claire de s'imposer comme une oeuvre insolite dans un bassin déjà bien rempli - ce qui est tout à l'honneur des maîtres de cérémonie. Dommage que le même niveau d'attention n'ait pas été accordé à tous les aspects du scénario.