Près d'une décennie après l'immense triomphe des Petits mouchoirs, Guillaume Canet remet ça avec Nous finirons ensemble, une suite faite du même moule que l'original.
En 2010 prenait l'affiche Les petits mouchoirs, un Big Chill à la sauce française où quelques-unes des plus grandes stars de l'Hexagone se réunissait pendant qu'un de leur camarade luttait pour sa vie. Une sympathique quoique superficielle comédie dramatique qui a remporté un succès fou malgré d'immenses carences dans l'histoire et une propension à vouloir faire pleurer.
Suite à deux réalisations guère inspirées (Blood Ties et Rock'n Roll), le populaire acteur Guillaume Canet est de retour derrière la caméra, cherchant à recréer cette magie unique. Il y arrive presque, faisant de nouveau appel à sa bande d'amis et à son amoureuse Marion Cotillard. Le récit est toujours centré autour de Max (François Cluzet) - cette fois endetté jusqu'au cou et en couple avec une femme plus jeune - qui n'hésitera pas à dire ses quatre vérités à ses potes qui se sont réunis pour son 60e anniversaire.
Les retrouvailles ne sont d'abord pas à la fête, alors que les rancunes et les rancoeurs refont rapidement surface. Puis il y a un climat de calme et même d'euphorie avant la tempête, qui déferlera mécaniquement à la fin pour rappeler ce qui est important dans l'existence. D'ici là, place aux combats de valeurs. Les personnages ont vieilli, le cynisme est apparu et les confrontations se mêlent aux rigolades de circonstances.
Le scénario écrit par Canet manque de tonus et il se retient de ne pas choquer ou déranger, se privant d'explorer en long et en large ses idées trop souvent reçues. Devant un film qui se nomme Nous finirons ensemble, le cinéphile pense immédiatement à Nous ne vieillirons pas ensemble, l'immense opus de Maurice Pialat sur un couple qui se disloque. La barre est haute et ce nouveau long métrage ne fait pas le poids, multipliant les lieux communs et les situations préfabriquées, sur fond d'alcool parce que tout devient alors plus facile. Les répliques vives succèdent à celles plus molles et d'autres carrément misogynes.
Tout est donc un prétexte à moraliser (oui les jeunes, les écrans c'est mal), comme en font foi ces quelques tranches de dialogues, d'une subtilité rare...
« Ça commence à faire longtemps, il faut arrêter les conneries. »
« On ne se voit plus, on n'a plus la même vie. »
« On est plus vieux et on ne veut plus perdre de temps. »
« C'est vachement important de se dire les choses. »
« Être ami, c'est être là quand il faut. »
En revanche, là où Nous finirons ensemble fonctionne, c'est dans sa façon d'embrasser les clichés avec volupté, pour rappeler que l'été est propice au divertissement, agréable et sans effet secondaire. Celui qui se joue à coup de musique anglophone et de gags légers, dans le seul bonheur de voir des comédiens connus s'amuser entre eux. Il y a l'ours grincheux François Cluzet, Marion Cotillard en blonde, Gilles Lellouche qui fait toujours mouche, Benoît Magimel en mode sympathique, Laurent Lafitte en dindon de la farce, etc. En l'espace de 135 minutes, ils deviendront soudainement et par magie des personnes plus responsables, surtout auprès de leurs enfants, et leurs actions passées seront oubliées.
« De toute façon, c'est du réchauffé tout ça », lance assez rapidement François Cluzet. Sans aucun doute. Mais lors d'une saison estivale qui met encore l'accent sur les superhéros et les effets spéciaux, assister à quelques problèmes humains peut être salutaire, aussi imparfaits et oubliables soient-ils.