Notre Dame de Moncton arrive au Québec après une sortie au Nouveau-Brunswick au mois de décembre dernier. Il s'agit d'un des rares films acadiens en français produit pour le grand écran. Le long métrage possède de belles qualités, mais celles-ci n'arrivent pas à nous faire oublier ses défauts gênants, à commencer par la fadeur de certaines branches de l'histoire et la pauvreté des dialogues. Mais, avant tout, racontons les grandes lignes.
Le drame de Denise Bouchard brosse le portrait d'Anna qui, après avoir été expulsée de son appartement, se retrouve à la rue. Au même moment, elle apprend que le fils, Jason, qu'elle a dû abandonner il y a 20 ans, désire renouer avec elle. Il lui donne rendez-vous dans un petit café de Moncton, mais celle-ci n'a pas la force de tenir son regard et de répondre à toutes ses questions. Elle quitte donc l'endroit et se réfugie, clandestinement, dans la maison d'un couple âgé. Un événement dramatique vient tout chambouler et force Anna à tisser des liens avec Victorine, propriétaire des lieux. L'étrange cohabitation des deux femmes les aidera à retrouver le courage d'affronter leurs propres démons.
Si l'idée de cette rencontre inopinée entre une itinérante et une vieille dame fortunée est très fertile d'un point de vue narratif, celle du fils qui retrouve sa mère est plutôt banale et peu inspirante. L'acteur Thomas Lapointe, toujours trop doux et naïf, n'arrive pas à nous convaincre du besoin de filiation de son personnage. Tout ce tronçon de l'histoire (qui représente, essentillement, la moitié du film) tombe à plat. De plus, le dénouement semble plaqué, comme s'il fallait absolument un revirement dramatique pour asseoir l'attachement entre la mère et le fils.
En revanche, la rencontre entre Anna et Victorine s'avère charmante. Le choc des classes sociales engendre des scènes intéressantes (même si parfois elles semblent tirées par les cheveux). On aurait voulu plus de temps d'écran entre ces deux femmes issues de milieux bien différents qui apprennent l'une de l'autre. L'itinérance est abordée avec sensibilité, sans complaisance. Si le jeu de Laurie Gagné est inégal - parfois trop intense, parfois trop mielleux -, celui de Louise Turcot se révèle extrêmement touchant. La complicité entre les deux femmes excuse la désolante évidence de leur quête respective.
Même si Notre Dame de Moncton aborde des thématiques assez lourdes, il reste bien lisse. On aurait aimé qu'il porte à réfléchir, mais il s'avère inoffensif.