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J'irai dormir en cure de désintox.
Un sujet comme celui de « Nos vies formidables » où l’on suit un protagoniste principal en immersion dans un milieu clos et particulier a déjà été vu maintes fois. Que ce soit dans le contexte d’une prison (avec un nombre incalculable de films qui font que le film carcéral est devenu un sous-genre en soi du culte « Midnight Express » au coup de poing « Dog Pound »), dans le cadre d’un centre de rééducation comme dans « Patients » ou, comme ici, dans un centre de désintoxication pour toxicomanes et alcooliques. Le long-métrage suit un autre film d’auteur français sur le même sujet et sorti récemment qui s’avérait bien plus aimable et réussi. Il s’agit de « Mais vous êtes fous » qui inscrivait son histoire de dépendance et de désintoxication dans la vie d’un couple en apparence heureux. Un film qui était bien plus romanesque et poignant. Ici, on est à la lisière entre la fiction et le documentaire et c’est l’un des gros points faibles du film.
En effet, on aurait aimé être plus emporté, aspiré dans un tourbillon d’émotions et, hormis la dernière séquence très forte et emplie de sens, on reste un peu sur le bas-côté à ce niveau. « Nos vies formidables » prend le parti de filmer des moments anodins, des instants pris sur le vif et des scènes de la vie de tous les jours au sein de ce genre de centre. C’est à la fois instructif et réaliste, les clichés sont évités avec soin, mais on n’apprend rien de nouveau sur le sujet. Et surtout c’est bien trop long. Le film est lent et répétitif au point d’en devenir lassant tant les enjeux narratifs pour venir dynamiser un scénario forcément linéaire et peu écrit sont rares. Un scénario qui a d’ailleurs dû laisser beaucoup de place à l’improvisation pour des comédiens peu connus mais confondants de naturel. Le parcours de Margot, l’héroïne, se révèle intéressant, poignant, empli de résilience et de rédemption mais bien trop classique et attendu pour passionner sur deux heures.
Et surtout, la forme ne vient pas arranger les choses. Pire, elle vient gâcher le plaisir. « Nos vies formidables » souffre d’une image vraiment laide et peu agréable à l’œil. Peut-être est-ce l’envie de donner à son film une forme naturaliste qui a poussé Fabienne Godet à ne pas soigner cet aspect mais le résultat semble sorti d’un vieux film fauché des années 80. Même les films dogme à la « Festen » semblent plus sympathiques à regarder. Et comme le tout est long à démarrer, que les scènes sont pour la plupart redondantes et attendues et donc que l’image est désagréable, difficile d’être convaincu et investi dans ces vies (ironiquement) formidables. Heureusement la dernière demi-heure, qui révèle un secret sur le personnage principal, réveille un peu notre intérêt. C’est une œuvre aux intentions magnifiques et qui transpire d’humanité et de solidarité mais qui rate le coche pour plaire et être aimable envers son public. Pas assez d’émotion, un aspect trop aride et une difficulté à couper dans la masse d’images font que « Nos vies formidables » n’est pas aussi réussi qu’on l’aurait voulu. Et l’aspect hybride entre documentaire et fiction n’arrange rien. Dommage, car c’est une immersion d’une intensité et d’une vérité rares sur ce sujet.
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