Il y a certains films d'animation qui ne prennent l'affiche qu'en DVD qui auraient été mûrs pour une sortie en salles, alors qu'il y en a d'autres, comme Norm of the North, qui n'ont pas les reins assez solides pour assumer une parution dans les cinémas.
Si le film de Splash Entertainment avait été disponible uniquement en vidéo, nous n'aurions probablement pas été aussi sévères, puisqu'il répond aux exigences de base d'une oeuvre d'animation s'adressant à de jeunes enfants : des blagues de premier niveau (des pets, de l'urine, des excréments, des rots, des grimaces, et toutes ces choses qui exaspèrent le parent, mais rend l'enfant hilare), des petits personnages attachants qui ne parlent pas (les Lemmings sont adorables, mais on est bien loin de l'irrévérence et de la personnalité d'un Minion) et une musique entraînante omniprésente. L'ours twerk, fait du break dance et même quelques mouvements de disco; que demander de plus pour un bambin émerveillé par les couleurs et les chansons rythmées? Une histoire un peu captivante peut-être?
La trame narrative de Norm of the North est simple au possible. On ne veut pas d'une histoire alambiquée quand on s'adresse à des enfants, mais il faut tout de même que la quête du héros nous intéresse suffisamment pour retenir notre attention jusqu'à la fin. Malheureusement, cette intrigue entourant un ours qui parle le langage des humains et qui se rend jusqu'à New York afin de devenir le porte-parole d'un magnat de l'immobilier et gagner la sympathie des gens pour ensuite faire passer son message écologiste au monde entier manque certainement de substances et de personnalité.
Les personnages ne sont pas, non plus, particulièrement attachants. L'ours Normand n'a pas la carrure nécessaire à un protagoniste, et Socrates, l'oiseau philosophe et psychologue, ressemble à Scuttle dans The Little Mermaid, mais avec des lunettes. Nous sommes bien loin des personnages adorables des autres franchises qui ont fait amasser des millions en produits dérivés à leurs créateurs.
Pour ressembler à ses congénères, Norm of the North tente d'introduire à son récit quelques pistes amusantes pour les adultes, mais celles-ci sont loin d'être de l'intelligence et de la pertinence de celles de Pixar ou Blue Sky ou DreamWorks. Un réalisateur qui fait des références cinématographiques, en mentionnant notamment qu'il avait déjà écrit le scénario de l'un de ses films en post-prod, est une blague qui n'est accessible qu'à une certaine élite, qui ne regarde assurément pas ce genre de productions.
Norm of the North est un film qui aurait connu un succès certain sur Netflix ou le Club Illico, mais les producteurs ont eu ici beaucoup trop d'ambitions d'oser le présenter dans les salles. Reste à savoir si ce passage sur les écrans ne fera qu'endetter les créateurs ou saura encourager ses ventes subséquentes en DVD et en format numérique...