La fraude financière de Vincent Lacroix est l'une des plus (tristement) célèbres en sol québécois. En faire un film allait de soi. Norbourg s'intéresse principalement au rôle de l'inspecteur et vérificateur Éric Asselin dans cette affaire. Il est un morceau important de l'histoire et pourtant, ce n'est pas son nom qui est le plus souvent rapporté lorsqu'on se remémore l'escroquerie du début des années 2000.
Vincent-Guillaume Otis, qu'on a l'habitude de voir dans le rôle du gentil, interprète brillamment le méchant (Éric Asselin) ici. François Arnaud se débrouille aussi très bien dans le rôle du vil Vincent Lacroix. Malgré tout, même si les deux protagonistes masculins sont des vilains dans cette histoire, les acteurs parviennent à insuffler une part de charisme à leur alter ego, ce qui les rend convaincants et nous empêche de les haïr complètement, même si ce qu'ils ont fait est impardonnable. Christine Beaulieu ne donne pas sa place non plus dans le rôle d'une inspectrice de l'Autorité des marchés financiers, déterminée à faire tomber Norbourg et ses dirigeants.
Même si elles ne sont pas les vedettes du film, les victimes sont aussi présentes dans le long métrage. Elles sont représentées notamment par ce grand-père, qui a mis l'héritage de sa petite-fille entre les mains du scélérat, sous la recommandation de son conseiller financier, qui se faisait graisser la patte à grand coup de voyages dans le sud. On rencontre le grand-père, joué par Guy Thauvette, au tout début du film et déjà, on a envie de lui crier de ne pas investir dans Norbourg. Sa perte - et celle des autres - est choquante et on reste habité par une forme de colère après le visionnement.
Le thriller financier n'est pas un genre qu'on a l'habitude de voir au cinéma québécois. Le réalisateur Maxime Giroux parvient à insuffler à son film une tension constante qui nous tient en haleine. Il y a certains passages plus lents et laborieux, notamment au début, mais l'ensemble reste fiévreux à souhait. On aurait pu oser davantage au niveau de la forme, qui reste généralement classique, mais on ne peut nier que la simplicité fonctionne merveilleusement bien.
Même si le film se déroule au début des années 2000, ce qui n'est pas si loin de nous, une reconstitution historique a dû être opérée. On sent tout le travail de la direction artistique à cet égard. Et ce n'est pas seulement au niveau de la technologie (qui est l'élément évident). Les looks, les accessoires, les lieux; tout a été passé au peigne fin pour nous transporter 20 ans en arrière. Ce petit voyage dans le temps est d'une dangereuse efficacité.
Norbourg est autant un travail de mémoire, une mise en garde contre les fraudeurs et autres beaux parleurs qu'un divertissement compétent. Le film n'est pas parfait, mais il saura plaire à plus grand nombre, que l'on connaisse les détails de cette histoire scabreuse ou pas.