Depuis La mystérieuse mademoiselle C. très peu de films pour enfants avaient été produits au Québec. Un public tout de même difficile à atteindre vu les intouchables Pixar et Walt Disney de ce monde qui concurrencent nos productions de quelques millions. La volonté de faire de tels films mérite invariablement des éloges, mais la hardiesse d'une oeuvre est - malheureusement - rarement en corrélation avec son efficacité. Noémie le secret n'est pas un mauvais film, cependant la charpente oscillante du scénario, le jeu parfois forcé des acteurs et certains choix scénographiques déficients font du long métrage de Frédérik D'Amours un divertissement convenable, mais qui ne saura pas échapper à la dominance des productions américaines.
Noémie est une petite fille curieuse et téméraire de sept ans et trois quarts. Parce que ses parents travaillent beaucoup, elle passe tout son temps avec sa voisine, Madame Lumbago. Le jour de l'anniversaire de la mort de Monsieur Émile, le mari de Madame Lumbago, Noémie se rappelle un secret qu'il lui avait révélé un jour : il y aurait un trésor dans son appartement. Bien que sa gardienne prétend qu'il n'y a rien de caché dans sa résidence, la petite fille de sept ans est bien déterminée à trouver le trésor dont parlait Monsieur Émile.
La jeune comédienne Camille Felton incarne parfaitement la Noémie de Gilles Tibo. Téméraire, curieuse, naïve et aventurière, elle nous fait avancer allègrement dans le récit grâce à son ingénuité et sa spontanéité enfantine. Bien que certaines émotions semblent parfois forcées ou imposées, toujours sa franchise à l'écran et son authenticité prévalent. Rita Lafontaine est également très efficace, crédible dans le rôle de Madame Lumbago. Malgré ses compétences académiques, la comédienne chevronnée sait se mettre au diapason de ses jeunes acolytes pour communiquer la même pureté dans son jeu. José Gaudet et Mario Tessier, plus connus comme le duo les Grandes Geules, font aussi un caméo plutôt rigolo. Les voir à plus de deux reprises aurait été excessif, mais leurs courtes apparitions donnent un ton comique efficace.
Le scénario, qui emploie efficacement le langage enfantin, est scindé trop drastiquement (en au moins quatre parties) laissant entrevoir les brèches entre chacun des livres utilisés. Avant même d'avoir lu les romans de Tibo on sent que le long métrage est adapté de plusieurs petites histoires, qui se suivent certes, mais qui possèdent toutes une structure narrative autonome. Une narration en voix-off par Noémie, de ses mots d'enfants, de ses réflexions candides, aurait peut-être corrigé cette fâcheuse impression de coupure. Mais le franc parlé de l'héroïne est invariablement l'un des facteurs de la réussite des romans de Gilles Tibo.
En voulant susciter l'intérêt des adultes, on a ajouté aux péripéties de Noémie un volet plus social, plus mature. Des parents qui se questionnent sur leur implication dans la vie de leur fille unique, qui doutent du bien-fondé de leurs décisions; voilà peut-être une voie de réflexion intéressante, mais qui n'a pas sa place au coeur d'une chasse au trésor enfantine. Peut-être, encore une fois, d'emmener des sujets plus lourds à travers l'esprit de Noémie (en voix-off) aurait épargné la surcharge d'informations.
La volonté était là, mais certains choix cinématographiques - sans compter la compétition injuste des « majors » américains - feront que Noémie sera engloutie avec son secret bien avant de résoudre l'énigme ultime.
La volonté de produire un film pour enfants au Québec mérite invariablement des éloges, mais la hardiesse d'une oeuvre est - malheureusement - rarement en corrélation avec son efficacité. Noémie le secret n'est pas un mauvais film, cependant la charpente oscillante du scénario, le jeu parfois forcé des acteurs et certains choix scénographiques déficients font du long métrage de Frédérik D'Amours un divertissement convenable, mais qui ne saura pas échapper au courroux des productions américaines.