Avec Noémie dit oui, Geneviève Albert aborde un sujet tabou, grave et inquiétant, qui a rarement été abordé dans le cinéma québécois. Même si la réalisatrice nous exempte de scènes trop frontales et graphiques, son film sur la prostitution juvénile a tout de même l'effet coup de poing escompté. On ne ressort pas complètement indemne de ce visionnement.
On suit Noémie, une jeune femme en centre jeunesse qui, après que sa mère ait refusé de la reprendre chez elle pour une énième fois, décide de fuguer pour aller rejoindre une amie à Montréal. Cette dernière l'hébergera chez elle et l'introduira à son métier : escorte. Bien qu'elle refuse catégoriquement de vendre son corps au départ, elle finit par se faire convaincre par son nouveau petit ami, qui lui promet qu'après le Grand Prix, ils partiront ensemble en roadtrip avec l'argent qu'elle aura amassé. Évidemment, il ne tiendra pas ses promesses...
Ceux qui ont regardé la première saison de Fugueuse y verront irrémédiablement des similarités. Bien que les deux protagonistes ne viennent pas du même milieu, elles sont toutes les deux tombées dans les filets d'un beau parleur qui leur promettait la lune. Maxime Gibeault et James-Edward Métayer incarnent les charismatiques pimps des jeunes femmes. Gibeault donne froid dans le dos et Métayer est si convaincant qu'on se dit qu'on aurait pu, nous aussi, se faire enjôler. La palme revient, par contre, à Kelly Depeault qui perce l'écran par son intensité. Son dégoût dans les scènes d'intimité est perturbant. On voudrait entrer dans cette chambre d'hôtel et la sauver.
Ces fameuses séquences « d'agressions » sont nombreuses et c'est justement la quantité (dénotée d'ailleurs par un décompte qui donne froid dans le dos) qui frappe le plus. La cinéaste n'a pas voulu provoquer par les images, généralement assez pudiques, mais davantage à travers le propos. On voit peu d'actes sexuels, mais même si on ne voit que des dos poilus et des torses poisseux, on sait très bien ce qui se passe. La réalisation et le scénario auraient pu être plus culottés, mais le message n'aurait probablement pas été mieux livré. On aurait aussi souhaité une finale plus concrète.
Noémie dit oui provoque sans trop pousser la note. Il faut être prêt psychologiquement pour affronter ce film, mais parfois, un petit rappel des horreurs de notre société est loin d'être futile.