À proprement parler, les films de Noël tels que produits à la chaîne chaque année par Hallmark, Netflix et cie sont de très mauvaises productions cinématographiques.
Des longs métrages portés par des prestations à mi-chemin entre l'anesthésie et la surdose de sucre (ou autre substance), qui ne possède généralement pas une once de créativité, et qui ne laisse paraître aucune trace d'une quelconque identité sur le plan de la forme.
C'est de la peinture par numéro dans sa forme la plus paresseuse.
Alors pourquoi s'y attarder? Pourquoi le public en redemande-t-il dès que le froid s'installe et que les premiers flocons tombent du ciel?
Laissons le grincheux de côté pour répondre à cette question.
Parce que le temps des Fêtes, c'est exactement ça : un besoin de simplicité, de prévisibilité et de temps calme pour récupérer d'une autre année chargée. Le tout passé sur le bord d'un feu de foyer (réel, au gaz ou télévisé) avec comme bruit de fond l'une de ces histoires chastes et inoffensives au possible.
Que ce soit un film comme Falling for Christmas ou l'histoire trop grivoise de mononcle Jean-Louis après quelques verres de trop, les deux laissent le même sentiment : on grimace un peu au départ, mais on n'imagine pas un Noël sans eux, car ils font désormais partie des traditions.
Ce qui nous ramène au premier film de Noël signé Netflix de cette cuvée 2022, mettant en vedette nulle autre que Lindsay Lohan.
La star imprévisible interprète ici Sierra, la jeune héritière d'un magnat de l'hôtellerie de luxe qui est sur le point de se fiancer à un influenceur en amour avec lui-même (George Young).
Mais ce que Sierra ne sait pas, c'est qu'au même moment, une petite fille fait le souhait que son père Jake (Chord Overstreet), un vrai bon Jack, retrouve l'amour pour Noël. Et elle obtiendra un petit coup de pouce d'un père Noël qui passait justement par là. Mais ce dernier s'y prendra d'une façon quelque peu sadique, déclenchant une tempête qui séparera Sierra et son amoureux alors qu'ils se trouvent au sommet d'une montagne.
Au bout de sa (très) longue et improbable chute, Sierra se heurte la tête contre un arbre, et est retrouvée plus tard par... Jake qui, lui aussi, passait justement par là. À son réveil, elle n'a plus la moindre idée de qui elle est, mais son tempéramement de jeune femme gâtée est demeurée intact.
À partir de ce moment, le film de Janeen Damian offre la chance à la protagoniste de découvrir les plaisirs d'une vie simple où les chandails de laine remplacent les vêtements griffés, et les crêpes et les oeufs brouillés le caviar.
Nous devons d'ailleurs accorder des points au moment où le goût du bacon vient à bout des tendances véganes d'autrefois de la jeune femme.
C'est déjà ça de gagné.
Nous ne pouvons également qu'apprécier le sous-texte souligné à gros traits affirmant que les représentants d'une certaine tendance sociale auraient définitivement besoin d'un cours de débrouillardise 101.
Bonne nouvelle, si on se fie à Falling for Christmas, il faut généralement moins d'une semaine - et une bonne commotion cérébrale - pour effectuer un tel virage à 180 degrés.
Si vous aimez le genre, tous les éléments sont réunis ici : une intrigue sans intrigue, des gags faciles, une cérémonie de sapin de Noël, des scènes de ski, une auberge en faillite, une surenchère de décorations, un raton laveur apeuré, une trame sonore omniprésente, des prises de conscience, des valeurs à la bonne place, une avalanche de montages servant à garder le film sous la barre des 100 minutes, et un message social nourri aux stéroïdes et aux bons sentiments.
Lindsay Lohan fait le strict minimum dans le rôle de Sierra, tandis que Chord Overstreet tient l'équilibre de l'ensemble sur ses épaules de par sa prestation bienveillante et réconfortante, lui dont le personnage, plus que quiconque dans cette histoire, aurait effectivement besoin de quelques miracles de Noël.
Se produiront-ils? C'est à vous de le découvrir!
Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce film auparavant, c'est que c'est probablement le cas. Et on nous servira assurément un autre long métrage avec une prémisse similaire d'ici deux ou trois ans, lorsque nous aurons complètement oublié celui-ci.
Le thème de l'amnésie prend définitivement tout son sens ici.
Mais même si les ficelles sont aussi épaisses que de la corde de bateau, le scénario a à tout le moins le mérite de bien mettre ses éléments en place, et parvient à conserver une certaine cohérence malgré tous ses défauts - dont le spectateur pourra encore là tirer un malin plaisir. Un détail souvent absent de plusieurs grosses productions hollywoodiennes depuis quelques années.
Ne tenez pas compte de la cote accordée, car elle juge le film sur des critères auxquels il échappe complètement de toute façon durant ces quelque huit semaines menant au 25 décembre.