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Traque muette.
Les invasions extraterrestres au cinéma, c’est un classique narratif de la science-fiction qui ne vieillit pas et continue à prospérer pour parfois le meilleur mais souvent le pire de mémoire récente, faute d’originalité et d’avoir quelque chose de nouveau à raconter ou montrer. Mais grâce à deux ajouts conceptuels, « No one will save you – Traquée » tire son épingle du jeu, intrigue et apporte un peu de sang neuf à ce sous-genre de la SF déjà maintes fois traité. En premier lieu, le film prend le parti d’être totalement sans dialogue puisque l’héroïne sera seule du début à la fin et que le peu de rencontres qu’elle fera seront avec des aliens, des humains possédés et donc dénués de paroles (le fameux parti pris des body sntachers) ou avec des humains qui ne lui parlent plus suite à un drame. Ce concept risqué est assumé et parfaitement digéré de bout en bout et prouve que parfois les images se suffisent à elles-mêmes. Moins rare mais tout aussi réussi, l’aspect huis-clos et home invasion qui se mêle à ce débarquement alien ajoute une note plus intimiste tout à fait bienvenue. À ce niveau, le long-métrage ne déçoit pas.
D’ailleurs, même si on trouve le tout début un peu particulier mais intrigant, les deux premiers tiers sont captivants et sous tension. La première arrivée des aliens dans cette petite maison rurale et reculée fait son effet et le cinéaste maîtrise parfaitement ses effets. En revanche, il abandonne trop vite la suggestion pour montrer les créatures. Et ces dernières ne sont guère originales à quelques détails près, convoquant tout un pan du cinéma de science-fiction des années 60 et 70 du type Roswell et cie. Certaines séquences sont mémorables et parfaitement négociées comme celle du réfrigérateur ou celle du lit, on est sous tension et plusieurs moments créent l’effroi escompté. Mais quelques petits passages s’approchent aussi parfois dangereusement du ridicule comme avec l’alien enfant, contrairement à celui à quatre pattes très réussi et flippant. Bref, les deux tiers de « No one will save you – Traquée”, sans être renversants sont originaux, imprévisibles et réussis.
C’est dans une dernière partie plus clivante que cela se gâte. Les œuvres qui finissent en queue de poisson et de manière abrupte et qui laissent en plus le spectateur interpréter eux-mêmes ce qu’ils ont vu sans donner de réponse peuvent être pertinentes. Mais cela ne convient pas à toutes les histoires. Et ici, après un film focalisé uniquement sur la tension, la peur et un high concept, le script part un peu dans tous les sens et sans conclusion claire nous permettant de comprendre ce qu’on a vu sur la fin. « No one will save you – Traquée » ose certes, mais nous perd un peu dans son défilé d’images finales ouvrant plein de pistes sur l’origine des aliens, leurs motivations, le sort du personnage principal et son douloureux passé. On a donc droit à un final visuellement de toute beauté mais totalement hermétique et sibyllin. Un épilogue qu’on ne qualifiera pas de raté mais plutôt frustrant et nous laissant quelque peu dubitatifs. En tout cas, malgré un sujet rebattu et cette fin particulière, c’est très original et délicieusement silencieux, laissant complètement les bruitages réussis et le pouvoir des images faire le reste.
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