Comme s'il n'y en avait pas encore assez, le cinéma québécois présente son propre divertissement d'été. Alors que le marché est saturé de méga-productions américaines aux budgets proportionnels, Nitro parvient quand même à tirer son épingle du jeu dans une semi-réussite qui a remplacé le budget démesuré par les grands et bons sentiments. Mais les actions des personnages sont tellement rigoureusement justifées par un flash-back ou par un cognitivisme élémentaire que l'identification se fait difficilement. Et on n'a pas encore parlé de moralité.
Julien mène une vie rangée et simple avec sa copine Alice et leur fils Théo. Mais alors qu'Alice a désespérément besoin d'une transplantation cardiaque qui se fait attendre, Julien, ou Max, se lance corps et âme à la recherche du précieux organe. Même si cela signifie renouer avec d'anciennes mauvaises fréquentations et risquer sa propre vie.
Nitro démarre en trombe. Avec des plans de caméras qui s'entrecoupent, semblant chercher le sujet, et qui diminuent l'effet de vitesse. Alors que le film avance, la caméra s'affine, cerne mieux son sujet. Les courses, plus précises et plus enlevantes, ne sont qu'un prétexte pour un autre dessein, plus grand, celui très classique de l'amour. Des personnages aux motivations claires et bien définies, comme si cela allait émouvoir davantage.
Dommage que certains dialogues tombent dans un sentimentalisme élémentaire un peu racoleur qui nuit au rythme du film et qui met les personnages dans des situations embarrassantes. Le moment est peut-être mal choisi pour chanter avec son fils en conduisant un camion, ou alors pour expliquer, dans une métaphore gênante d'ingénuité, la rencontre entre le Soleil et la Lune. Or, quand le film utilise le langage de la réalité, comme avec le père de Max (très efficace Raymond Bouchard), et qu'il met de côté ses fantasmes d'auteur (« Croix de bois, croix de fer... » et « Toute ou rien pantoute ») Nitro convainc.
Grâce à la brillante performance de Guillaume Lemay-Thivierge, entre autres, qui défend avec vigueur et beaucoup de crédibilité son personnage, honnête avant tout. L'aspect moral de ses gestes et leurs conséquences sont vite délaissés, malgré une très prenante et très efficace scène chez le vétérinaire. C'est là que le film prendre véritablement son envol et qu'il est le plus prenant. Lucie Laurier se débrouille bien avec un personnage à peine esquissé et mal utilisé. Martin Matte, une fois la surprise passée, n'est ni bon ni mauvais dans le rôle du méchant.
Le commentaire social est présent mais la morale complètement négligée, le flair visuel est efficace et le tout est filmé avec l'oeil humaniste du réalisateur qu'on soupçonnait dans La bouteille. Mais le tout a été dilué par les poursuites et les clichés, et le film, malgré ses nombreuses qualités visuelles qui n'ont pas à rougir face aux productions américaines, ne semble pas complet. Probablement parce que la finale est d'une bêtise étonnante; le coup de l'abnégation ne prend tout simplement pas. Les raccourcis nécessaires pour mener le film quelque part font une funeste contrepartie aux scènes plus inspirées du film, pourtant nombreuses si prises séparément.
Comme s'il n'y en avait pas encore assez, le cinéma québécois présente son propre divertissement d'été. Alors que le marché est saturé de méga-productions américaines aux budgets proportionnels, Nitro parvient quand même à tirer son épingle du jeu dans une semi-réussite qui a remplacé le budget démesuré par les grands et bons sentiments. Mais les actions des personnages sont tellement rigoureusement justifiées par un flash-back ou par un cognitivisme élémentaire que l'identification se fait difficilement. Et on n'a pas encore parlé de moralité.