Emmenez vos manettes sans fil, Ninja assassin est un jeu vidéo. Vous dites? Ça ne fonctionne pas? Ah bon. Avez-vous changé les piles?
J'étais pourtant convaincu.
Ninja assassin a tout du jeu vidéo. Il s'amorce avec une démonstration de la force du héros, qui domine tous ses adversaires. Ensuite, retour dans le passé pour voir son apprentissage (et se familiariser avec les pitons). Puis, la vraie quête commence. Il faut d'abord affronter les sbires, de petits personnages sans grande importance et anonymes qui sont assez faibles mais très nombreux. Cela donne lieu à plusieurs carnages et fait couler des litres et des litres de sang. Un petit moment de répit, puis il y a le piège et on affronte un autre type de personnages, plus forts et plus nombreux. Le héros encaisse tous les coups et peut se soigner miraculeusement, mais les ennemis meurent habituellement d'un coup de sabre. Tout ça pour se rendre au boss, le vrai méchant qui est vraiment fort et qui va se transformer (au moins deux fois) en quelque chose de plus fort encore, mais dans un autre décor. Pour le battre, il faut vraiment tout donner, même le prendre à son propre jeu en utilisant la technique qu'il a inventée. C'est tout. Faites défiler le générique (qu'on ne lira pas de toute façon).
L'expérience est donc exclusivement ludique, sauf qu'on ne participe pas. D'autant que le réalisateur James McTeigue, qui avait fait un si bon travail avec V pour Vendetta, filme les combats dans une sorte de combinaison de noirceur (les ninjas se déplacent dans l'ombre, c'est pour ça...) et de montage épileptique qui rendent encore plus obscurs tous ces carnages et ces bains de sang. Démembrements et décapitations sont nombreux et représentés graphiquement à l'écran. Alors que 300 et Une histoire de Sin City était de brillants exercices de style, Ninja assassin n'est rien qui propose autre chose que la satisfaction sanguinaire d'un bas-instinct, une suite de dialogues bidons et des dizaines de coupures très profondes desquelles on se remet miraculeusement à cause d'une déformation congénitale.
Qu'il soit assez quétaine de tuer tant de gens simplement pour se venger de la mort d'une fille ne semble pas gêner qui que ce soit, alors que c'est un fort irritant qui diminue l'impact de la quête maladroite du héros (son plan est, sinon improvisé, extrêmement risqué pour rien). Les dialogues sont réduits au minimum (certains y voient là une qualité), mais ceux qui sont dans le film sont rarement impressionnants et très répétitifs (voilà qui n'est pas un point positif). Les comédiens sont inutiles même si très typés, et leur grandiloquence atteint parfois des sommets de ridicule.
Avec tout ça, je me rends compte que je ne vous ai pas encore raconté l'histoire... comptez-vous chanceux.