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Soul to birth.
On ne pourra pas reprocher au jeune cinéaste nippo-brésilien Edson Oda de ne pas être audacieux et inspiré pour son premier long-métrage. Il y a un véritable univers visuel, un propos original et attisant la curiosité ainsi qu’une maîtrise apparente de son étrange sujet. On ne va pas se plaindre d’avoir de jeunes cinéastes qui s’essaient à des choses qui sortent des sentiers battus. « Nine days » nous convie donc dans une petite maison seule et isolée au milieu du désert où un homme regarde sur de vieilles télés la vie de plusieurs personnes. Jusqu’à ce que l’une d’entre elles meure dans un accident. Cet homme va alors convoquer plusieurs inconnus pour des entretiens destinés à la remplacer. Ces personnes ne sont pas encore nées, ce sont des âmes et lui un passeur vers la naissance et il n’en choisira qu’une. Et cette œuvre d’être aussi particulière que son résumé sans pour autant être un film inaccessible, prétentieux et abscons. C’est juste qu’on constate qu’il n’y a rien de plus complexe que de représenter des choses abstraites à l’image (souvenez-vous du ridicule intermittent du film « Au-delà de nos rêves » pour représenter nos songes). Ici c’est un peu la version adulte et métaphysique du film Pixar « Soul » mais un peu inabouti et exsangue.
Si le film intrigue de prime abord, il est paradoxalement soit trop court, soit trop long. Une telle idée se devait d’être soit plus approfondie et peut-être se décliner en série, soit plus condensée pour ne pas radoter. C’est-à-dire être plus concise et resserrée dans le cadre d’un court-métrage. Car, sur deux heures, « Nine days » ne va pas assez loin dans sa version de cet entre-deux presque théologique où des recruteurs choisissent par des tests, quelles âmes méritent plus de naître que d’autres. Il y a beaucoup de pistes qui auraient pu être davantage développées. D’un autre côté, ce postulat passionnant et original finit par tourner en rond et être redondant et on se dit qu’un long-métrage n’était pas non plus le format le plus adapté. Étrange et frustrant sentiment donc... Peu de cinéastes osent ce genre de sujets casse-gueule. On pense à Spike Jonze ou Michel Gondry qui, dans leurs styles respectifs et plus fous, nous ont offert des scripts tout aussi gratinés tentant de figurer l’esprit ou les rêves. Et c’est un équilibre fragile que ce film parvient à atteindre en étant cohérent et innovant aussi bien visuellement (avec peu de budget en plus) que formellement. Mais sans convaincre totalement pour autant...
« Nine days » regorge de belles idées, comme celle de faire vivre aux éliminés un moment qu’ils auraient aimé expérimenter dans le monde réel, une idée belle et poétique. Le sujet est passionnant et ouvert à tellement de développements en plus d’être rare mais il se heurte malheureusement à un côté parfois hermétique et pas mal de longueurs ou de scènes inutiles. C’est le type d’œuvres qui pourra aussi bien ennuyer des spectateurs ou les laisser sur le carreau à force de trop d’abstraction et qui va certainement en envoûter pas mal d’autres. C’est prometteur, on ne peut le nier, mais il manque d’un petit quelque chose et le script souffre de quelques errances et trous narratifs. Peu commun et intrigant, cet essai nous révèle le talent d’un auteur qui devra peut-être penser à vulgariser davantage son propos. Le final étant du même acabit : à la fois beau mais opaque. Quant à l’émotion, elle a malheureusement beaucoup de mal à traverser l’écran...
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