Les films d'animation génèrent des recettes fort acceptables au box-office. On peut comprendre que des entreprises québécoises aient envie de participer au mouvement. Malheureusement, les films d'animation québécois affrontent les films d'animation américains des géants Pixar, Illumination, Blue Sky, DreamWorks et autres. Malgré toutes les bonnes intentions des compagnies d'ici et le talent de ses artisans, les monstres américains de l'animation possèdent davantage de moyens pour arriver à leur fin et ceux-ci se reflètent irrémédiablement à l'écran.
De plus en plus, les films d'animation s'adressent autant aux parents qu'à leurs enfants, jouant sur deux niveaux. Nelly et Simon : Mission Yéti n'interpelle, pour sa part, que les petits. Le récit simpliste et l'humour slapstick ne retiennent guère l'intérêt des adultes pendant plus de 30 minutes. Les personnages caricaturaux aux expressions exacerbées rappellent bien plus les cartoons du dimanche matin que les personnages issus du cinéma d'animation moderne. Nelly et Simon prennent des décisions discutables et bien que nous ne devrions pas nous en soucier, comme nous sommes dans un univers fantastique enfantin, nous ne pouvons nous empêcher d'être agacés par le manque de jugement des personnages.
La morale environnementale du film s'avère très peu subtile, malgré son objectif de sensibilisation louable de préservation des espèces. Cette idée, souvent soulevée dans le film, de perception et de point de vue - « tout dépend de la manière dont on décide de voir les choses » - se révèle, elle, fort intéressante. La petite légende, racontée en début de parcours, vulgarise efficacement le concept d'ailleurs.
Le choix de Guillaume Lemay-Thivierge et de Sylvie Moreau dans les rôles-titres laisse perplexe. Les voix sont beaucoup trop distinctives pour ne pas agacer l'oreille du cinéphile averti. Les enfants n'y verront probablement que du feu, mais impossible que leurs parents n'apposent pas instinctivement le visage des deux acteurs à ceux des héros. On espère d'un doubleur dans un film d'animation qu'il disparaisse derrière le personnage qu'il interprète (que ce soit dans une traduction ou dans une version originale comme ici) et ce n'est pas le cas présent. Rachid Badouri, de son côté, fait du bon travail dans le rôle du jeune guide Sherpa Tensing, tout comme Alexandrine Warren qui donne vie à l'oiseau bavard Jasmin.
Après La légende de Sarila et Le coq de St-Victor, la compagnie Productions 10e ave nous propose un film d'aventures familial rigolo pour les bambins, mais qui n'a malheureusement pas le panache nécessaire pour livrer une juste bataille à ses adversaires américains.