À sa sortie en 2016, Don't Breathe a ravi le public et la critique. Avec raison. Il s'agissait d'un suspense extrêmement efficace qui présentait un méchant en or. Comme c'est généralement le cas, une suite devait voir le jour et elle s'avère extrêmement décevante.
L'attention est cette fois portée sur l'aveugle, encore incarné par Stephen Lang. S'il est toujours traumatisé par son passé et aspire à la quiétude en prenant soin d'une enfant de 11 ans, ce n'est plus du tout le même personnage. Le fascinant et monstrueux antihéros tourmenté qui n'hésitait pas à kidnapper une femme pour se créer une descendance devient ici une simple et pauvre victime normale qui ne fait que se défendre. Une fois débarrassée de son ambiguïté, c'est tout l'intérêt qui en pâtit. Devenu le Zatoichi des pauvres, un énième ersatz de John Wick, il ne fait qu'errer en vain.
Il est à l'image de cette intrigue rocambolesque et invraisemblable, plus proche de la série Z que B. Il n'y a plus de questionnements moraux qui tiennent, mais une horde de méchants qui tentent de kidnapper une fillette. C'est celui qui sera le plus violent gratuitement qui aura le dernier mot. Les séquences de massacre se succèdent dans l'indifférence totale. Aucun attachement n'existe tant les motivations sont défaillantes et l'interprétation monolithique. Lorsqu'un revirement survient à mi-chemin, l'espoir de pouvoir enfin mettre les compteurs à zéro et repartir sur de nouvelles bases est grand. Mais non. Fausse joie. C'est pour mieux enfoncer le scénario encore davantage dans la médiocrité et le n'importe quoi. Et on ne parle même pas des dialogues, particulièrement embarrassants.
Succédant à Fede Alvarez derrière la caméra, le scénariste Rodo Sayagues ne semble pas avoir les coudées franches pour se faire valoir. Sa mise en scène désincarnée et désintéressée n'est ni personnelle ni très excitante à regarder. La seule exception émane lorsque les criminels font irruption dans la maison et cherchent leur victime. Ce moment offert en plan séquence (un faux, comme dans l'original) verse dans l'esbroufe et l'exercice de style, faisant passer la technique avant la terreur et l'émotion. C'est également le cas lors des nombreux affrontements, sanglants, mais ultimement guère innovants et peu satisfaisants. Il y a bien quelques intéressants jeux d'ombres et de fumées qui apparaissent tardivement, ce qui ne rachète en rien le marasme provoqué jusque-là. Ce qu'on peut s'ennuyer du travail ingénieux sur le son que proposait le premier épisode!
Incapable de tenir en haleine ou de provoquer le moindre frisson (la trame sonore annonce toujours les sursauts à venir), Don't Breathe 2 est l'exemple par excellence de la suite ratée à éviter. Il y avait tant d'histoires à raconter sur cet aveugle pas comme les autres : pourquoi alors miser sur celle-ci? Dans une année encore bien remplie en bons films d'horreur (Saint Maud, A Quiet Place Part II, Censor...), celui-ci est certainement un des plus mauvais.