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Pêche et ennui.
Le film est produit par Martin Scorsese, c’est déjà un bon début. Il est en outre récipiendaire de la Caméra d’or à Cannes en 2021 (qui récompense le meilleur premier film toutes sections confondues) après être passé par la Quinzaine des réalisateurs, c’est encore mieux. Et tout cela pour un petit film croate, un cinéma très rare sur nos écrans, réalisé par une femme sur le récit initiatique d’une jeune fille qui doit s’affranchir, ce qui semble plutôt avenant. Et bien on en sera pour nos frais tant ce « Murina » n’offre rien d’exceptionnel ni de transcendant à son spectateur si ce n’est les magnifiques paysages de cette île croate perdue en mer Adriatique. C’est donc le contexte dépaysant qui attire le plus nos pupilles, ou en tout cas davantage que l’histoire en elle-même. Et cette prédominance de bleu partout : le bleu du ciel, le bleu de la mer, le bleu du mobilier jusqu’au bleu des maillots de bain de l’héroïne donnant un joli cachet esthétique au film.
Des histoires d’apprentissage et de passage à l’âge adulte, le cinéma nous en livre des dizaines par années. Notamment féminines. Et si celle-ci tranche quelque peu avec ce que l’on a l’habitude de voir c’est surtout par son contexte exotique et empreint de tradition et surtout par la domination patriarcale exercée par le père sur sa fille et sa femme. L’arrivée d’un ancien ami pour une vente de terrain va perturber l’équilibre de ce trio familial. Mais, très grosse incongruité, on a choisi l’acteur néo-zélandais et maori Cliff Curtis pour jouer ce rôle de croate, ce qui n’a guère de sens si ce n’est celui de faire plaisir au producteur Scorsese qui l’a déjà fait jouer plusieurs fois. Ensuite, les séquences de la cinéaste Antoneta Alamat Kusijanovic ont beau être belles, même sous l’eau, elles n’égalent pas la perfection et la maestria d’un vieux film italien qui lui ressemble et auquel on pense beaucoup : l’immense « Respiro » d’Emmanuel Crialese et son côté envoûtant et hypnotique.
Le problème majeur de ce « Murina » est le manque de développements de l’histoire et des personnages. On ne sait pas grand-chose du passé qui unit les parents et cet ancien ami. On n’en sait pas beaucoup plus sur ce que ressentent réellement les personnages. On ne comprend les choses que via le regard de Julia, l’héroïne, mais il y a beaucoup trop de non-dits pour que l’on s’attache vraiment à son sort. Et il y a un manque de logique parfois dans les actions des personnages (le père qui ne dit rien à son ami, la mère jalouse de sa fille, ...). On est dans le brouillard et on finit par trouver tout cela poseur et languissant. Et si « Murina » se rêvait en œuvre d’atmosphère, cela ne fonctionne pas avec tout le monde. Beau à regarder, interprété avec force par son actrice principale, ce long-métrage encensé nous a pourtant laissé de marbre et au bord de l’ennui.
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