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Bon
Un peu long mais en vaut la peine.
Classicisme appliqué.
Pour sa seconde réalisation, Edward Norton change de registre et passe de la comédie romantique haut de gamme (« Au nom d’Anna ») au polar rétro avec « Brooklyn Affairs ». Un film classique et conforme aux canons du genre auquel un ingrédient inédit et risqué donne toute sa saveur. En effet, le personnage principal, incarné par l’acteur lui-même, est atteint du syndrome de Gilles de la Tourette. Ce gimmick de scénario est un parti pris à haut risque. Il aurait pu menacer à tout moment de faire sombrer ce film à l’histoire et l’atmosphère hautement sérieuses dans le ridicule ou la gaudriole s’il n’avait pas été savamment dosé et traité. Mais l’acteur et réalisateur parvient, dans un numéro d’équilibriste pas facile, à nous embarquer avec son personnage. Un personnage écrit avec soin qu’il incarne avec brio et respect pour cette pathologie. Si cet aspect n’apporte finalement rien à la valeur intrinsèque du projet, elle permet quelques moments vraiment drôles qui se marient étonnement bien à cette enquête dans le New York des fifties. Mieux, la maladie de ce détective privé apporte une certaine plus-value à une histoire somme toute classique. Un apport pas indispensable mais ces traits d’humour francs, bienvenus et inattendus ne détournent pas forcément la tension et la dramaturgie ambiante. Mieux, les tics verbaux du personnage nous font véritablement éclater de rire.
En revanche, on a l’impression d’avoir déjà regardé ce type de films avec machination politique et complot dans les plus hautes sphères de l’état maintes et maintes fois, que ce soit dans des films qui se déroulent à notre époque comme « Une affaire d’état » ou même de manière vintage et rétro avec le chef-d’œuvre de Curtis Hanson « L. A. Confidential », auquel ce « Brooklyn Affairs » s’apparente à un petit frère né sur le tard. Donc rien de nouveau sous le soleil ici mais il faut avouer que c’est fait avec application et un amour certain pour le genre. La reconstitution du New York des années 50 est exemplaire en tous points, on sent un budget confortable et une envie de retranscrire l’ambiance de cette époque. L’histoire est assez complexe à base de machinations et de secrets cachés mais on se rend bien compte que le scénario la rend inutilement tentaculaire et opaque. En effet, la durée que lui octroie Norton n’est pas forcément justifiée. Une demi-heure en moins n’aurait pas porté préjudice à l’ensemble et l’aurait peut-être rendu plus rythmé et donc captivant.
On rentre néanmoins dans l’histoire assez facilement et on a envie d’en connaître la résolution. Résolution qui s’avère au final assez décevante et pas forcément renversante. Mais « Brooklyn Affairs » prend le temps de creuser comme il faut la psychologie des personnages et de bien dépeindre et expliquer les motivations de tous les protagonistes avec quelques approfondissements bien sentis sur les notions de pouvoir et d’héritage. Pourtant, le script est parfois tellement dense que certains points de détail nous échappent. Edward Norton s’est fait plaisir en réalisant une œuvre un peu surannée et qui détonne dans le paysage cinématographique actuel mais c’est aussi ce qui lui donne un certain charme et fait qu’on s’y laisser aller avec un plaisir non feint. Mais tout de même trop long, inutilement compliqué et parfois trop trivial dans l’enquête qu’il développe, il ne restera pas dans les annales pour autant. Un peu un film musée, du genre qu’on aime à contempler de loin, mais qui s’approche parfois de l’exercice de style appliqué voire de l’hommage… Et qui n’apportera certainement rien de plus à un genre quelque enterré. Dans tous les cas on retiendra la composition impressionnante d’un acteur totalement voué à son projet.
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