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Fête des manières.
Après « Bang gang (Une histoire d’amour moderne) », qui contenait déjà une bonne part de ses défauts de mise en scène qui vont être flagrants et exploser ici, suivi de « Les filles du soleil », Eva Husson continue dans une voie du cinéma indépendant qui en perpétue tous les tics les plus déplaisants et éreintants. Comme si elle concevait ses films comme des bêtes de festival ou destinés à choper le plus de récompenses possibles sans se rendre compte que les affèteries dont elle comble ses œuvres sont soit dépassées, soit totalement inadaptées. En découle un cinéma prétentieux et fastidieux dont ce « Mothering Sunday » est la parfaite incarnation. Si, au début, on lui laisse le bénéfice du doute, plus le film avance, plus on désespère de voir quelque chose de réussi à l’écran.
« Mothering Sunday » est l’adaptation d’un roman vaguement connu où une histoire d’amour entre la jeune femme de maison d’un couple de riches aristocrates et le fils des voisins tout aussi importants dans la faune bourgeoise du coin va être mise à mal par un tragique accident. On suppose que le but du récit, à l’écrit comme à l’écran, est de nous parler du fossé de classes entre le petit personnel de maison et les bourgeois du début du XXième siècle dans l’Angleterre rurale des manoirs et domaines qui n’en finissent plus. Et bien tout cela sera juste effleuré, tout comme le sujet passionnant de ces familles endeuillées dont les fils ne sont pas revenus de la Grande Guerre, au profit d’un récit d’émancipation féminine dans l’air du temps mais déjà vu, peu évident et maladroit. De voir des sujets en or comme ceux-là mis sous le tapis et malmenés de la sorte devrait être interdit.
On suit donc durant plus d’une heure et demie, les errances stylistiques de madame Husson. Des plans tous plus maniérés les uns que les autres qui n’apportent rien au récit mais l’alourdissent. Elle se pose en esthète mais n’en ressort que des poses au mieux inutiles, au pire ridicules. Et cette nudité totalement gratuite et qui ne sert en rien le récit est agaçante et contre-productive. Quant au fait de cantonner Colin Firth ou Olivia Colman dans de si petits rôles ingrats, c’est à se demander si la meilleure partie de « Mothering Sunday » où ils officient (le repas où attendent les parents) n’a pas été bêtement charcuté au montage. Un montage d’ailleurs sans queue ni tête, alternant les temporalités pour faire original mais rendant tout cela encore plus confus, lourd et vain que de raison. Une œuvre d’époque ratée et ennuyante qui ne raconte rien et ne va nulle part et dont on peut aisément se passer.
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