L'usurpation d'identité au cinéma semble être un procédé idéal pour amener une jeune fille de milieu plutôt modeste à vivre pour un instant une existence du luxe et d'excès qu'elle n'aurait jamais même osé envisager. Toutes les générations de cinéphiles y ont eu droit; qui ne se souvient pas de ces coïncidences saugrenues qui avaient permis aux jumelles Olsen de se rencontrer et d'échanger momentanément leur identité dans It Takes Two. Hollywood tire à nouveau profit de ce concept usé et cliché avec l'aide, cette fois, de la nouvelle idole des pré-adolescentes américaines, la jeune actrice Selena Gomez. Comme on s'y attendait tous, l'histoire n'est d'aucune originalité et réussit à exaspérer même les plus romantiques. Les trois héroïnes, qu'on tente de nous décrire comme différentes, mais - évidemment - intègres et justes à leur façon, finissent toutes par trouver le grand amour et s'épanouissent dans un monde qu'elles s'évertuent à améliorer malgré les embuches du destin. Une conclusion évidente pour une oeuvre pauvre et sans magie.
Si le récit avait au moins eu l'audace d'amener des situations atypiques, des revirements inattendus ou peut-être uniquement de promouvoir des valeurs singulières, on aurait peut-être pardonné le stéréotype, mais non, on se contente encore d'opter pour la facilité et le convenu en citant maladroitement Gandhi et en utilisant la souplesse de la coïncidence pour expliquer la plupart des conjonctures. Ce genre de production aspire généralement à faire rêver son (jeune) public, à l'amener à vivre une euphorie par procuration, un bonheur qui n'est pas le sien. Mais il ne suffit pas d'une penderie remplie de chaussures ou d'une chambre de luxe dans un château français sur la côte méditerranéenne pour amener le spectateur à rêver. Le film doit avoir une structure efficace et des protagonistes auxquels le public peut s'attacher et s'identifier. Malheureusement, nous n'avons pas le temps d'apprendre à connaître les différents personnages puisque leur passé, leur tempérament, leurs habitudes, nous sont dévoilés approximativement au coeur de situations sans constance. On tente de nous montrer leur évolution psychologique au fil de leurs rencontres, de leurs mésaventures, mais le rythme de la narration est trop rapide (on passe d'un personnage à l'autre sans continuité) et leurs histoires trop incomplètes pour qu'on daigne se montrer interpelés.
Monte Carlo est également un amoncellement immonde de faux sentiments; l'une à perdu sa mère il y a peu de temps et n'a pas encore le courage de continuer à vivre normalement, l'autre se questionne sur les choses qui ont le plus d'importance; l'argent ou l'amour, alors que la dernière désire changer le monde du haut de ses dix-huit ans. Les paysages européens et la somptuosité des tenues peuvent peut-être, pendant un instant, nous faire oublier l'insignifiance de Monte Carlo, mais elles n'ont pas assez de prestance pour excuser le manque de fraîcheur et de caractère de l'oeuvre. Le long métrage de Thomas Bezucha fait probablement partie de ces films anonymes que personne n'aime vraiment, mais qui n'arrêteront jamais d'être produits vu leur indubitable rentabilité et leur productivité auprès d'un jeune public.
Les paysages européens et la somptuosité des tenues peuvent peut-être, pendant un instant, nous faire oublier l'insignifiance de Monte Carlo, mais elles n'ont pas assez de prestance pour excuser le manque de fraîcheur et de caractère de l'oeuvre.
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