Monstres contre aliens viendra prouver à nouveau la simpliste équation « Dreamworks + intelligence + profondeur + rigueur = Pixar ». Les Volt, Wall-E et autres films complexes et respectueux de l'intelligence des enfants signés Pixar des dernières années semblent bien loin lorsqu'on regarde Monstres contre aliens. Un film auquel on ne peut rien reprocher techniquement, mais qui n'est construit sur rien, ni histoire cohérente avec elle-même, ni personnages crédibles, ni ressort dramatique quelconque. Réduit à son plus petit dénominateur commun, Monstres contre aliens, c'est de la couleur sur un écran.
Le jour de son mariage, Susan reçoit sur la tête une météorite qui la transforme en une géante de quinze mètres de haut. Délaissée par ses proches, elle trouve refuge dans un bâtiment top secret du gouvernement où elle fait la connaissance du Dr. Cafard, un savant fou transformé en blatte, du Chaînon Manquant, un homme-lézard vieillissant, de Bob, une masse visqueuse indestructible, et de l'Insectosaurus, un immense insecte. Quand un méchant mégalomane d'une planète éloignée vient sur la terre pour récupérer sa météorite, les quatre devront l'affronter pour sauver la planète.
Si les premiers instants du récit permettent d'espérer une histoire pour au moins meubler 1h30, on est vite rappelé à l'ordre. Un président burlesque qui joue du clavier pour un robot extra-terrestre vient donner un aspect absurde injustifiable au film, avec l'objectif plus ou moins secret de compenser pour l'humour adulte et les nombreuses références qui passeront bien au-dessus des têtes des tout-petits. Question de ne pas gâcher leur plaisir, on leur offre un ordinateur dont le mot de passe est quelques pas de danse. On croirait voir Monty Python.
Le personnage de Bob est certainement le plus amusant du lot, alors que Susan incarne la candeur et la naïveté d'une jeunesse qui est ici manipulée. Les nombreux messages du film sont subtils, contrairement au récit, et les émotions mécaniques. Elles sont de ce fait bien vite oubliées, tout comme les différents hommages aux films de science-fiction des années 50 qui parsèment ici et là le récit.
En d'autres mots, pour comparer Pixar et Dreamworks, on peut parler d'une lutte « attraction » contre « narration ». L'attraction décrit cette attitude qui visait à mettre de l'avant une nouvelle technologique, à impressionner le public avec les capacités techniques du cinéma; un peu comme le cinématographe (plus ou moins le premier dispositif à présenter des images en mouvement) l'a fait au début du XXe siècle. Or, l'émergence des effets spéciaux au début des années 90 marque le retour de cette intention, et Monstres contre aliens est en plein dedans. Des couleurs, de l'action, des univers, des textures, des cheveux, de la profondeur de champ; tout ça impressionne, certes, sauf qu'à un certain moment, le film n'a tellement pas d'histoire pour s'appuyer, il n'a tellement pas bâti une quelconque montrée dramatique que plus rien n'a d'importance et qu'on a plutôt hâte que le tout se termine au plus vite. Vite fait, bien fait. Est-ce que les enfants aimeront? Bien sûr. Est-ce qu'ils s'en souviendront longtemps, jusqu'à remplacer sur les couvertures de leur lit le brillant Flash McQueen ou l'adorable Wall-E? Jamais!