Money Monster avait un certain potentiel. Amalgame intelligent entre le monde tordu de la finance et celui, d'autant plus tordu, de la télé-réalité, le projet de film de Jodie Foster aurait certainement pu ébranler certaines institutions, ou du moins les pions qui les consomment. Malheureusement, le tout n'est exploité qu'en surface. On nous brosse le portrait d'une fraude fiscale d'une simplicité presque offensante et nous présente la télévision comme providentielle et humaniste.
Si The Big Short était trop lourd pour le commun des mortels, Money Monster est beaucoup trop frivole et désinvolte. Bien sûr, il n'est ici question que d'un divertissement. Personne ne nous a présenté cette oeuvre comme un essai documentaire sociétal, mais il reste que la production semble tout de même vouloir passer un message sérieux. Seulement, la morale est dissoute dans un brouhaha médiatique et quelques volte-face mal réparties au sein d'un scénario complaisant.
Malgré ce manque de profondeur évident, qui entache l'intégralité de l'oeuvre, l'intensité reste à son comble jusqu'à la fin. On doit cela principalement à la réalisation maîtrisée de Foster. Bien qu'on s'imagine que la chose ne se terminera pas dans un bain de sang macabre, savoir ce qu'il adviendra de ce jeune homme légèrement déséquilibré qui veut à tout prix révéler au monde un escroc et son crime économique nous tient en haleine. L'animateur de télévision excentrique, joué par George Clooney, et sa réalisatrice, Julia Roberts, sont aussi suffisamment attachants et chargés émotivement pour nous garder sur le qui-vive.
Le duo Clooney-Roberts fonctionne d'ailleurs toujours très bien. Même si les deux acteurs ne partagent jamais la même image (sauf dans la scène finale), la magie opère. C'est quand même dommage que cette quatrième rencontre entre ces deux acteurs oscarisés au talent désormais incontestable se fasse dans un film aussi mat et quelconque. Jack O'Connell livre, pour sa part, une brillante performance, mais, trop souvent, son personnage est mis au rancart au profit d'une surbrillance sur ses collègues mégavedettes.
Peut-être que le film aurait gagné à être davantage écourté. Hollywood – et le public qui paie cher son billet de cinéma – n'aime pas les films de moins de 90 minutes, pourtant ce semi-huis clos aurait été un bon sujet pour ce genre de production plus courte. Phone Booth, par exemple, n'était que 82 minutes, et pourtant on se souvient de son intensité et de son particularisme. Vingt ou quinze minutes auraient certainement pu être amputée à Money Monster pour lui donner de la vigueur. Et peut-être ainsi aurions-nous eu moins de temps pour nous attarder sur la bêtise de son intrigue et certains de ses dialogues.
L'humour du film a du mal à traverser la barrière de la langue. La traduction (bien qu'heureusement faite au Québec) nuit ici un peu à l'aspect comique de l'oeuvre. Il nous reste quand même quelques blagues à nous mettre sous la dent, mais la comédie n'est pas (du moins, certainement pas en français) le nerf de la guerre. Money Monster est un divertissement correct, sans plus. Nous n'en serions pas aussi agacés si le film n'avait pas démontré, dès ses prémisses, un potentiel aussi grand... Dommage.