La nostalgie est payante, elle l'est au point de faire revivre des franchises qui avaient pourtant été abandonnées depuis longtemps. Jurassic Park est une autre preuve de la monnayabilité d'un souvenir collectif. Les dinosaures de Spielberg avaient fait un tabac dans les années 1990, alors pourquoi ne pas les adapter à notre époque et faire renaître le succès commercial qu'il a engendré.
Quand on cherche à stimuler la nostalgie chez le spectateur, on doit irrémédiablement lui rappeler les choses qui l'ont marqué. Ici, plutôt que de ramener des visages familiers (ce que les suites et les spin-off font généralement), l'équipe de production a plutôt choisi de commémorer certaines scènes et éléments classiques de l'oeuvre originale. Les vieux Jeeps, l'oeil du dinosaure en gros plan, l'ancien logo du Parc et des pièces, désormais désaffectées, sur lesquelles les personnages tombent par inadvertance. La quantité de rappels est assez impressionnante, mais ne vient pas ralentir l'histoire principale, ni brimer la compréhension du néophyte, donc on les accepte, sourire en coin et yeux au ciel.
Comme Jurassic World est un blockbuster dans sa forme la plus primaire, on ne s'attendait pas à un grand scénario, à des revirements inopinés ainsi qu'à des personnages à la psychologie complexe, mais les auteurs ne sont quand même pas arrivés à éviter les longueurs, et le sentiment d'attachement envers les protagonistes manque définitivement de consistance. Mais, encore une fois, comme l'intérêt du film n'était pas la profondeur narrative, on pardonne facilement les détours du scénario et les quelques facilités empruntées.
Techniquement et esthétiquement, Jurassic World épate. Bien sûr, nous ne sommes pas aussi secoués que lorsqu'en 1993 nous avions vu apparaître un monstre préhistorique à l'écran qui nous paraissait réel, mais nous ne pouvons reprocher bien des anicroches aux effets spéciaux qui prouvent l'immense avancement technologique qui s'est opéré dans le monde du cinéma (et ailleurs) depuis 22 ans.
Le nouveau Parc Jurassic, qui a été imaginé ici, fait rêver! Qui ne voudrait pas flotter sur une rivière en canot aux côtés de créatures aussi splendides ou plonger sous l'eau pour découvrir les moeurs des spécimens aquatiques? (si on leur assurait, bien sûr, une totale sécurité - ce qui n'est pas tout à fait le cas ici). En ce sens la mythologie s'avère assez bien respectée aussi. On y retrouve plusieurs clichés, mais certains d'entre eux étaient inévitables pour assurer des rappels nécessaires avec les opus précédents, et consolider les acquis.
Chris Pratt - nouveau chouchou d'Hollywood - fait du bon boulot. Il est crédible et suffisamment bad ass pour incarner l'antihéros par excellence. Bryce Dallas Howard livre aussi une performance à la hauteur, tout comme Omar Sy et Jake Johnson qui, bien qu'effacés, sont d'une efficacité remarquable. La réalisation de Colin Trevorrow, à la fois rythmée et nerveuse, incombe une tension omniprésente. Le spectateur est aux aguets et en vient à espérer la survie des personnages principaux, même s'il y est plus ou moins attaché.
Jurassic World est définitivement l'un des bons blockbusters de l'été 2015. La nostalgie a encore frappé.