Même si on a les moyens de ses ambitions, des artistes et artisans talentueux et une franchise prolifique derrière soi, on peut quand même livrer un navet : Jurassic World: Dominion en est la preuve. Ce troisième chapitre de la nouvelle mouture mettant en vedette Chris Pratt déçoit sur toute la ligne. Si au moins les dinosaures étaient suffisamment spectaculaires pour compenser le manque de substance de la trame narrative, on aurait pu apprécier une partie de l'expérience, mais même les monstres préhistoriques nous ennuient. Colin Trevorrow n'arrive pas à créer un seul moment de tension digne de ce nom dans son film, malgré toutes ces confrontations entre humains et dinosaures. On ne pourrait être plus désintéressé par ce qui se passe à l'écran pendant les 2 h 30 que dure son interminable aventure arctique.
Quand Maisie Lockwood, une adolescente qu'Owen et Claire cachent chez eux depuis des années pour l'empêcher de tomber entre de mauvaises mains, est kidnappée et emmenée dans les laboratoires de la firme Biosyn, le duo se lance sur ses traces grâce à l'aide d'une pilote casse-cou nommée Kayla. Leur chemin croise celui d'Ellie Sattler et Alan Grant qui tentent de prouver que l'entreprise de biotechnologie est derrière la création d'une espèce de criquets géants qui détruit les récoltes dans le monde entier.
Pour ceux qui ont connu la première génération de Jurassic Park, retrouver Ellie Sattler et Alan Grant leur apportera une certaine joie. Mais, celle-ci sera vite annihilée par l'impertinence accablante du rôle qu'on leur a attribué. Ellie veut ramener de l'ADN des criquets pour prouver que Biosyn est derrière l'infestation et Alan suit sans poser de questions, aveuglé par son admiration pour la paléobotaniste. On aurait aimé qu'il y ait un peu plus de chair autour de l'os. Chris Pratt et Bryce Dallas Howard n'épatent pas non plus sous les traits de « parents » volant au secours de leur fille. Il n'y a que Jeff Goldblum qui apporte un peu d'humour, d'esprit et de charme à cette distribution monocorde.
Fallen Kingdom avait déjà largement dépassé notre seuil d'acceptabilité au ridicule avec ses clones humains et ses super-prédateurs génétiquement modifiés, mais on arrive à se rendre encore plus loin en termes d'absurdité avec Dominion. On découvre notamment que Maisie Lockwood n'est pas vraiment un clone né dans un laboratoire comme on nous l'avait laissé croire la dernière fois, la vérité est encore plus dingue...
C'est très décevant de savoir que l'on conclut la franchise de cette façon-là avec un film aussi peu inspiré. Mais, d'un autre côté, nous n'aurions pas pu supporter un autre chapitre. Il est temps de fermer la barrière du parc jurassique pour de bon. Jurassic World: Dominion prouve que nous n'avons vraiment plus rien à dire de pertinent sur le sujet.