Si vous aviez un jour la chance d'entrer en contact avec votre vous du futur, le laisseriez-vous influencer votre parcours dans l'espoir que vous puissiez éviter certaines erreurs?
C'est à cette possibilité qu'est confrontée la jeune Elliott (Maisy Stella) dans Mon vieux cul (sérieux candidat pour le prix du meilleur titre de l'année).
L'adolescente ontarienne, qui vient tout juste de souffler ses 18 bougies, est visitée par son soi de 39 ans (Aubrey Plaza) après avoir consommé un thé à base de champignons magiques au milieu des bois. Une relation que l'improbable duo réussit à poursuivre au-delà de cette soirée intoxiquée en communiquant par téléphone et message texte.
Comment tout cela fonctionne exactement, demandez-vous?
Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que le scénario de Megan Park réponde à cette question?
Oui?
Oh...
Heureusement, la principale intéressée parvient à éviter le sujet de belle façon... en n'en faisant tout simplement aucun cas.
Enfin bref, dès son apparition, la Elliott quasi quarantenaire (mais pas encore) paraît de nature plutôt anxieuse, cherchant visiblement à ne pas trop alarmer la jeune femme quant à ce qui l'attend, mais l'encourageant néanmoins à passer plus de temps avec sa famille immédiate avant son départ pour l'université, et surtout d'éviter comme la peste tout garçon répondant au prénom de Chad.
Évidemment, lorsque Elliott fait la connaissance du Chad en question, la gentillesse et la bienveillance de ce dernier lui font automatiquement réaliser qu'elle n'est peut-être pas attirée que par les filles en fin de compte.
Se faisant évidemment un devoir de cocher toutes les cases s'accordant avec les sensibilités de la jeunesse d'aujourd'hui, la cinéaste Megan Park signe un récit de passage à l'âge adulte assez mince et simpliste, malgré une idée de départ pourtant riche en possibilités.
Le film suit la correspondance d'Elliott avec son « vieux cul » tout en relatant l'impact que celle-ci a soudainement sur son quotidien et sa façon de voir et penser ses relations interpersonnelles. Le problème, c'est que ce concept devient rapidement une béquille pour la réalisatrice, tandis que son manque de vision et d'implication sur le plan dramatique s'avère de plus en plus apparent.
Park parvient néanmoins à sortir son épingle du jeu à quelques occasions au niveau narratif, en particulier lorsqu'elle ose laisser le silence prendre toute la place là où une autre production aurait probablement charcuté le tout au montage, ou ajouté encore plus de dialogues.
Ces pauses permettent non seulement au film de mieux respirer, mais aussi de dévoiler une identité formelle, certes, quelque peu maladroite à l'occasion, mais qui lui est propre malgré tout. Car même si le titre du film peut nous faire croire le contraire, Mon vieux cul penche davantage du côté du drame que de la comédie.
Le scénario de Park est également à son meilleur lorsqu'il aborde la question de toutes les parcelles de notre vie que nous laissons continuellement derrière sans le savoir, de tout ce que nous avons trop tendance à prendre pour acquis. Encore une fois, il n'y a rien de nouveau sous le soleil ici, mais l'approche sentie de la réalisatrice lui permet de garder la tête hors de l'eau.
Nous ne pouvons également garder sous silence le jeu aussi charmant, naturel et empli de candeur de la jeune Maisy Stella, qui porte carrément tout le film sur ses épaules.
Le dernier acte de Mon vieux cul vient avec une révélation que nous anticipions depuis un bon moment déjà, mais qui pose tout de même de belle façon la question à savoir si nous oserions plonger tête première dans la plus belle des histoires si nous savions à l'avance qu'elle allait mal se terminer, soulignant au passage toute l'importance de profiter pleinement des moments d'insouciance que la vie nous accorde.
Le tout mène ultimement à la plus belle et touchante séquence du film, ayant pour centre une Aubrey Plaza s'étant rarement montrée sous un jour aussi vulnérable à l'écran.
Au final, la petite histoire de Mon vieux cul est celle d'une bonne idée menée avec un peu trop de relâchement, mais réchappée par la sincérité de ses intentions et de son interprétation.