************** My Salinger Year est offert en vidéo sur demande et dans les salles dès le 5 mars. **************
Si The Devil Wears Prada était un film d'auteur, ce serait My Salinger Year. Le film suit le parcours de Joanna, jeune femme rêvant d'écrire, qui se fait embaucher comme assistante de l'agente littéraire du célèbre auteur J.D. Salinger. Margaret, jouée par Sigourney Weaver, n'est peut-être pas aussi exécrable que la Miranda Priestly de Meryl Streep, mais impossible de ne pas faire de corrélations entre les deux patronnes sévères.
Philippe Falardeau propose une fiction d'apprentissage (coming-of-age en anglais) sophistiquée et subtile qu'on dévore avec un brin de nostalgie. L'histoire se déroule dans les années 90, ce n'est pas une époque si lointaine, mais la technologie a tellement fait évoluer rapidement le monde de l'édition qu'on pourrait parfois croire à un récit d'époque. Le fait que les personnages travaillent à la machine à écrire malgré l'avenue récente de l'ordinateur apporte une certaine élégance, un cachet à la production.
La comédienne Margaret Qualley se débrouille plutôt bien sous les traits de la jeune protagoniste, même si on ne s'attache pas à elle autant qu'on l'aurait souhaité. Sigourney Weaver s'avère, elle, brillante en tous points dans le rôle de la patronne intransigeante. Certains acteurs secondaires se démarquent aussi, dont le Québécois Théodore Pellerin, qui incarne un des admirateurs de J.D. Salinger que l'héroïne découvre grâce à des lettres envoyées par le jeune homme à l'auteur. D'ailleurs, le réalisateur a admirablement mis en scène l'introduction de ces missives de fans envoyées à Salinger. Les personnages s'adressent à la caméra en récitant les mots qu'ils ont adressés à l'auteur par écrit. Cela donne des moments touchants d'une étrange sincérité.
Malgré ses charmantes et nombreuses qualités, My Salinger Year s'étire en longueur inutilement. On se demande également à qui s'adresse l'oeuvre de Falardeau. Un coming-of-age traditionnel devrait parler aux adolescents, mais outre les auteurs en herbe, on doute que ceux-ci soient interpelés par la fresque mélancolique du réalisateur québécois. Les jeunes adultes lettrés risquent d'être davantage le public cible de ce film parfois fantaisiste, souvent enchanteur, qui nous amène à rêver de grande littérature.