Avec Mon ami Walid, les humoristes Adib Alkhalidey et Julien Lacroix proposent une nouvelle façon de concevoir le cinéma.
Normalement, un film prend l'affiche dans une ou plusieurs salles de cinéma, jouant quotidiennement pendant au moins une semaine. Mon ami Walid met à l'épreuve ce schéma coutumier. Jusqu'au 19 février, le duo accompagnera et présentera son bébé dans différentes villes du Québec, à raison d'une séance par lieu. Un modèle événementiel qui rappelle les spectacles d'humour.
En fait, ce premier long métrage possède beaucoup de similitudes avec cette populaire forme de divertissement. Non seulement le film sera projeté dans des salles de spectacles et non des cinémas usuels, mais sa construction scénaristique s'apparente à un amalgame de sketchs humoristiques. Il y a cette pénible introduction à l'épicerie qui montre un Guy Jodoin en superviseur libidineux. Puis cette hilarante visite dans un groupe de soutien qui permet à Christian Bégin de délirer avec bonheur. Avant de terminer le tout dans un hôpital bien particulier. Trois séquences de qualité inégale font sourire, mais traînent aussi en longueur tant les gags, répétitifs, ne font pas toujours mouche.
La véritable histoire se trouve entre ces intermèdes. Après avoir secouru Walid (Adib Alkhalidey) du suicide, Antonin (Julien Lacroix) décide de le suivre partout, autant chez lui que dans la ville, multipliant les rencontres fortuites. La santé mentale est au coeur de l'ouvrage qui, étrangement, fait presque tout pour ne pas l'aborder. Et lorsqu'il s'y adonne brillamment à la toute fin, changeant pratiquement le regard du spectateur sur le récit, c'est pour offrir une «surprise» à la M. Night Shyamalan. Quand le vrai film débute enfin, c'est le moment que choisit le générique pour défiler.
Sans doute que les comparses souhaitaient davantage divertir la galerie que provoquer une réelle réflexion. Leur humour satirique tire sur tout ce qui bouge (les mosquées, les personnes en situation d'itinérance, etc.) avec un résultat qui laisse parfois à désirer tant la caricature est souvent facile. Évidemment que les pauvres vont passer leur temps à sacrer et les jeunes, à se droguer... Face à un hystérique Julien Lacroix, Adib Alkhalidey sous-joue. Des compères qui rappellent les duos atypiques des classiques français des années 80. Un nombre appréciable de cameos complète le tout.
Originellement conçu pour le web puis présenté sur grands écrans, Mon ami Walid ne souffre en aucun cas de son budget famélique. Au contraire, son réalisateur Adib Alkhalidey fait beaucoup avec presque rien, offrant à la fois des plans soignés, des mélodies entraînantes et une dernière séquence fulgurante. C'est seulement dommage qu'après son très intéressant court métrage Va jouer dehors qui abordait des thèmes importants par le biais de la légèreté, il n'ait pas eu la main aussi heureuse avec cette création éminemment personnelle, mais trop poussive et superficielle.