Il y a une séquence de rêve dans Robot Dreams (Mon ami robot, en français) dans laquelle le personnage du chien tout simplement nommé « Chien » décide d'agrémenter un bonhomme de neige construit par deux éléphanteaux. Ledit bonhomme de neige prend aussitôt vie, puis déambule dans les rues de New York. Intrigué, le chien le suit, pour finalement découvrir que le gaillard glacé le guidait vers un salon de quilles, où il allait retrouver son bon ami pingouin.
Des scènes aussi savoureuses et étonnantes, il y en a à la tonne dans le plus récent long métrage de Pablo Berger, qui raconte d'abord et avant tout comment notre ami canin s'est procuré un robot pour se sentir un peu moins seul. Les deux nouveaux amis prennent dès lors d'assaut les rues de la Grosse Pomme du début des années 1980. Un monde que le compagnon métallique découvre avec un émerveillement constant, à grands coups de cornets de crème glacée, de chansons disco et de mouvements de danse exécutés au coeur de Central Park en patins à roulettes.
Seulement voilà, à la fin d'une belle journée à la plage, les batteries de Robot sont à plat, et Chien doit se résoudre à laisser son camarade allongé sur le sable pour la nuit, le temps d'aller chercher ce qu'il faut pour le remettre en état de marche. Mais lorsqu'il revient sur les lieux avec tous les outils et manuels d'instructions nécessaires, Chien découvre que la plage ne sera pas accessible avant l'été prochain.
C'est le début de longs mois d'attente pour le robot immobile, mais toujours conscient, qui rêve sans cesse du retour de son compagnon, qui, pour sa part, doit de nouveau faire face à la solitude.
Robot Dreams est un film sans dialogue, car il n'en a absolument pas besoin. Le récit est parfaitement raconté à travers des images et des mouvements aussi créatifs et inspirés que captivants. Le long métrage est d'ailleurs une petite merveille visuelle. Les couleurs sont vibrantes, les environnements aussi détaillés que vivants, et les personnages tous plus uniques, colorés et attachants les uns que les autres.
L'ensemble est livré avec une grande simplicité, mais en trouvant toujours LA bonne idée sur laquelle miser pour permettre au récit d'émouvoir, d'étonner et de constamment se renouveler. Le tout à travers un hommage d'autant plus senti à la ville de New York, ainsi qu'à certaines des scènes les plus iconiques du septième art qui y ont été tournées.
Surtout, Robot Dreams est un formidable film sur l'amitié qui ne nous amène jamais là où on l'attend, et qui a l'intelligence et la sensibilité nécessaire pour nous montrer comment la vie peut suivre son cours, nous mener à la rencontre de plusieurs individus, pour un long ou un court moment, sans que le tout ne diminue forcément la place qu'occupent les êtres qui nous sont le plus cher dans notre coeur.
Le réalisateur fait définitivement progresser son histoire en nous amenant à garder en tête l'issue la plus prévisible sur laquelle elle pourrait ultimement déboucher pour mieux nous surprendre au détour. Entretemps, il nous aura fait vivre une aventure cinématographique toujours surprenante, parsemée d'autant de séquences humoristiques que de moments de douceur et d'éléments dramatiques, certes bouleversants, mais venant toujours avec un brin d'optimisme.
Nous vous mettons au défi de ne pas être touché par la relation florissante entre une petite famille d'oiseaux et le robot attendant toujours patiemment de pouvoir quitter sa serviette de plage.
Robot Dreams est non seulement l'un des meilleurs films d'animation ne provenant pas des studios Ghibli qui nous aient été proposés depuis un bon moment, il s'agit assurément de la création la plus charmante, lumineuse, attendrissante et exaltante que vous verrez cette année.
Un petit miracle au coeur immense.
Et nous préférons vous avertir : vous n'arriverez pas si facilement à vous sortir de la tête l'intemporelle chanson « September » de la formation Earth, Wind & Fire une fois le visionnement terminé. Mais avec le retour des beaux jours, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose!