Disney s'est surpassé au cours des dernières années avec des productions d'animation intelligentes, drôles, humaines et esthétiquement impeccables. On n'a qu'à penser à Wreck-It Ralph, Big Hero 6, Zootopia et l'inimitable Frozen pour constater que la compagnie est sur une bonne lancée.
Bien que Moana affirme haut et fort dans son film qu'elle n'est « pas une princesse », elle se retrouvera pourtant probablement aux côtés des Merida, Raiponce, Elsa, Cendrillon et autres « princesses » dans l'univers de Disney. Bien sûr, Moana fait partie de cette nouvelle génération d'héritières du trône; des jeunes femmes fonceuses et insoumises qui n'ont pas besoin des hommes pour s'émanciper. D'ailleurs, il n'y a pas de princes charmants dans Moana, pas de jeunes premiers prêts à tout pour gagner le coeur de la belle exploratrice. Le protagoniste masculin de l'histoire est un demi-dieu narcissique qui apparaît davantage comme une figure paternelle que comme un potentiel amoureux.
Le film Moana met en scène plusieurs chansons (6 ou 7) - dont la magnifique « How Far I'll Go » qui a le panache nécessaire pour rivaliser contre la désormais classique « Let it Go » - bien intégrées à la trame narrative. Même si on trouve que certaines sont trop « parlées » à la manière d'une comédie musicale au lieu d'être chantées, elles apportent un rythme intéressant à l'histoire et la dynamisent efficacement. La traduction de celles-ci a été bien exécutée quoiqu'on sent l'effort pour faire entrer le français dans ces courts refrains anglais. Mentionnons au passage qu'Anthony Kavanagh, qui n'en était pas à sa première expérience de doublage, fait un travail exemplaire dans le rôle du demi-dieu Maui.
Au niveau visuel, Moana dépasse la plupart des productions de Disney des dernières années et celles de ses concurrents également. Le mouvement de l'eau, les couleurs riches et vibrantes, l'ondulation des cheveux et les tatouages sur le corps de Maui qui s'agitent au fil de l'histoire éblouissent autant le public adulte qu'enfant. Les animateurs ont joué avec les styles pour nous offrir, d'un côté, une animation plus traditionnelle et, de l'autre, une proposition plus audacieuse, plus hiéroglyphée et luminescente. Le passage sous l'eau, au royaume des monstres, en est un particulièrement marquant qu'un point de vue esthétique.
Il faut dire aussi que Moana est aussi très drôle. On rit à plusieurs reprises et même parfois à s'en tordre. J'étais, personnellement, particulièrement hilare lors du passage du requin qui zozote, mais, il y a beaucoup plus qu'une seule scène tordante. Tout le film est tapissé d'un humour moqueur et, souvent, habilement décalé.
L'histoire de la jeune exploratrice Moana est inspirante et étoffée. Peut-être n'est-elle pas aussi prenante que l'était celle des soeurs Anna et Elsa, mais elle propose un divertissement de haut calibre et une morale féministe importante.